[Chroniques] Ervansharee, Pandragora et les autres...

Après avoir quitté l'autre équipe, le groupe comprenant Ervansharee, Evrard, Jenneleth, Shasurita et Kalanis se rendit au pied de la Tour de la Domination, cet énorme édifice dressé au centre de la cité aboleth. Après avoir constaté qu'il était impossible de voler dans les environs, ils usèrent de pattes d'araignées pour grimper sur la première des quatre tours d'enceinte du bâtiment. Là, ils virent que la tour centrale baignait dans un bassin intérieur où grouillait une vie marine – en effet, une quantité phénoménale de monstres tentaculaires nageait dans les flots, empêchant tout accès aux intrus. Alors, toujours sous l'influence de leur magie, ils se répartirent entre les quatre tours, chaque lanceur de sort pouvant alors lancer un éclair dans l'eau afin de détruire un maximum d'ennemis. Enfin, ils descendirent au bassin et nagèrent jusqu'à la tour centrale où une haute porte les attendait. Mais ils eurent beau tout tenter, elle ne bougeait pas d'un pouce, comme si elle était juste gravée dans la masse. Alors ils entreprirent de plonger plus profondément pour trouver un accès sous-marin – la tour centrale n'en disposait pas, mais ils trouvèrent un tel accès vers l'une des tours extérieures, qu'ils investirent aussitôt. Mais ils découvrirent, décontenancés, que la tour était presque entièrement immergée – seul le dernier étage ne se trouvait pas sous l'eau, et il était occupé par une aboleth en plein travail. En plus de celui-ci, ils durent affronter un golem de pierre en forme de raie-manta, un golem de shaboath et deux élémentaux d'eau. Hélas, Sharee et Kalanis étant tombés sous l'influence d'un glyphe débilitant, ils ne purent participer à l'affrontement, aussi ce violent assaut les laissa-t-il tous blessés et épuisés ; Evrard ne survécut pas, quant à lui.
Ensuite, ils furent intrigués par une étrange boule d'énergie au sommet de la pièce, qui ne semblait pas réagir aux sorts lancés dessus. Puis leur sens de l'observation leur mit la puce à l'oreille, et ils continuèrent à la canarder de sorts. Petit à petit, la boule d'énergie perdait de son volume, se réduisant à chaque nouveau sort lancé... jusqu'à disparaître complètement ! En fait, ils comprirent grâce à la présence d'esprit de Jenneleth que cette sphère était un concentré de magie d'Enchantement, et que le fait de la bombarder de sorts de l'école d’Évocation (l'école d'opposition à l'Enchantement) lui fut fatale.
Hélas, tous avaient été blessés – les puissants Thorgard et Pandragora étaient dans l'autre groupe, ce groupe-ci ne disposait pratiquement que de magiciens aux ressources physiques limitées... aussi n'étaient-ils déjà plus en état de se battre. Continuer à aller visiter le lieu le plus dangereux de toute la ville dans cet état ? Impensable et suicidaire. C'est alors que Kalanis, hésitant et peu sûr de lui (contrairement à son habitude) sortit des plis de ses vêtements la petite clé dorée qu'il avait obtenue grâce au Trône des Dieux quelques 5 mois plus tôt, et dont ils n'avaient plus parlé depuis lors. Il en ignorait la fonction, il ne savait même pas si elle fonctionnait. Y avait-il un risque qu'elle soit maudite (rapport à ce qui était arrivé à Pandragora lorsqu'elle avait elle-même utilisé le trône) ? Bref, le magicien ne l'avait pas encore testée. Mais si elle fonctionnait, elle pourrait bien les aider dans le cas présent. Ou les perdre pour l'éternité, c'était selon.
Alors tous s'approchèrent lui, et il activa la clé. Aussitôt, tous furent transportés dans un lieu étrange où tout n'était qu'obscurité et brume grisâtre. En outre, des lignes blanches provenaient de l'infini pour aller se perdre dans l'infini. Nul ne savait où ils avaient atterri, pas même Kalanis. Lorsqu'il fut pressé de questions par ses compagnons, qui voulaient savoir quel vœu il avait fait sur le Trône des Dieux pour obtenir cette petite clé dorée, il répondit seulement qu'il avait demandé à pouvoir « voyager ». Mais lorsqu'il tenta de réactiver la petite clé, elle ne fonctionnait plus. En désespoir de cause, ils déployèrent la maison de Shilek et s'y installèrent pour panser leurs blessures et récupérer leurs sorts...

De leur côté, l'autre groupe venait de terminer leur mission dans l'ambassade des Baatezus. Ils essayaient de convaincre les quatre guerrières de demeurer à leurs côtés pour continuer le combat contre la coalition aboleth, mais elle refusèrent. Mandatées par des créatures extra-planaires pour tuer le diantrefosse Palistren et tous ses sbires, elles venaient de terminer leur mission et pouvaient désormais quitter les lieux. Elles pouvaient ENFIN quitter les lieux (qui sait depuis combien de temps elles étaient là ?). Or, le baatezu et ses sbires étant trop puissants pour elles, elles s'étaient retrouvées coincées. Leur envie de quitter les lieux étant plus fort que tout, elles reprirent leur forme naturelle : à savoir quatre tanar'ris tout droit venues des enfers ; une marilith à la longue queue reptilienne, deux alu-fiélonnes aux ailes de cuir et une succube à l'insoutenable beauté. Étant elles-mêmes des créatures des abysses, elles leur promirent qu'elles se reverraient un jour futur, puis les abandonnèrent à leur sort en traversant quelques portails dimensionnels.
Se retrouvant seuls, Thorgard, Pandragora, Grongor et Lauranelle enfermèrent le chien de la rôdeuse dans l'ambassade (que pourrait faire cette pauvre bête dans des profondeurs infestées de tentacules?), puis ils se rendirent à la Tour de la Domination pour voir comment les choses se déroulaient. Autour d'eux, la cité continuait à pousser des hurlements, et le choc des épées résonnait toujours avec force. Pour l'instant, l'attention était toute entière tournée vers leurs alliés qui s'attaquaient aux escouades de gardes ici et là. Alors, usant de pattes d'araignées eux aussi, les quatre aventuriers grimpèrent sur l'une des tours pour constater que le bassin intérieur était empli de corps carbonisés – preuve que leurs compagnons étaient déjà venus ici.
Alors ils descendirent à leur tour, atteignant la grande porte de la tour centrale. Mais celle-ci était bel et bien fermée. Et à part un léger jeu, ils ne trouvèrent aucun moyen de l'ouvrir. Ils firent donc ce que tout aventurier ferait en pareille circonstance, ils cherchèrent un autre accès. Ces recherches les menèrent dans la tour que leurs compagnons avaient visitée avant eux, mais à part le corps mutilé d'une aboleth au dernier étage, ils ne trouvèrent rien de notable.
Ils se rendirent alors dans une seconde tour, où ils furent accueillis par des statues animées et par un golem de pierre. En outre, un élémental d'eau protégeait le second niveau. Se rendant au dernier étage aussitôt, ils se trouvèrent très vite en mauvaise posture. Car malgré les puissances conjuguées de Thorgard et de Grongor, aucune arme ne semblait capable d'entamer la pierre des deux cariatides. Et s'ils parvinrent à venir à bout de l'aboleth, du golem et de l'élémental, ils finirent par baisser les bras face aux deux statues.
Après avoir quitté la seconde tour, ils se rendirent dans la suivante où baignait une atmosphère glaciale. Les adversaires qu'ils y affrontèrent furent deux squelettes de fomorians et un golem d'os, ainsi qu'une aboleth dont l'aspect décharné rappelait un mort-vivant. A nouveau, le combat fut redoutable, la plus mauvaise surprise venant des squelettes de fomorians dotés d'un toucher vampirique qui fut fatal à Grongor. Mais bien qu'ils soient parvenus à vaincre finalement tous ces obstacles, ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils devaient faire de la sphère magique.
Alors ils se rendirent enfin dans la 4ème tour, mais celle-ci semblait provoquer l'apparition de puissants monstres à chaque fois qu'un aventurier y pénétrait – ils laissèrent tomber très vite, car leur santé était de plus en plus préoccupante. Sans attendre, ils se réfugièrent dans la première tour, celle que leurs compagnons avaient visitée dès leur arrivée, en espérant pouvoir s'y reposer un peu.

Ils montèrent alors au dernier étage, s'installant sur la rampe pour y dormir, lorsque soudain, leurs compagnons Sharee, Jenneleth, Shasurita et Kalanis apparurent au centre de la pièce comme par magie. Ceux-ci leur avouèrent avoir trouvé une dimension de poche où ils avaient pu dormir une nuit complète en toute sécurité sans avoir à quitter les lieux. Une nuit complète ?? Cette affirmation étonna Pandragora, Thorgard et Lauranelle, car eux avaient quitté l'ambassade depuis à peine deux heures ! Découvrant cela, ils se dirent que cette dimension de poche n'en était peut-être pas une, et qu'elle pourrait peut-être leur apporter certains avantages pour la suite des évènements...

Après avoir fait le point sur la situation, les aventuriers comprirent que les 4 tours pouvaient être désactivées – et par conséquent la porte de la tour centrale serait ouverte – pour peu que l'on bombarde les sphères magiques qu'elles contenaient avec des sorts de leurs écoles en opposition. Hélas, s'ils étaient parvenus à détruire l'orbe de la Tour d'Enchantement en usant de tous leurs sorts, il leur fallait trouver une solution pour les 3 tours restantes. Une décision fut rapidement prise ; Sharee se téléporterait à l'Académie de Magie pour acquérir un grand nombre de sorts des écoles adéquates, puis reviendrait aussitôt que possible. Pour qu'elle puisse revenir plus vite (en quelques heures plutôt qu'en une journée entière, son anneau de téléportation ne fonctionnant qu'une fois par jour), Kalanis lui confia sa petite clé dorée, celle-là même qu'ils avaient employée pour 'compresser' le temps lors de leur dernière nuit de repos.
Ainsi fut fait, et la petite elfe noire retourna en surface, se rendant immédiatement à l'université de magie alors qu'il n'était que 03h00 du matin, le 09 Cœurazur de l'an 588. Aux côtés d'un Armanus Octavian à moitié réveillé, elle fit le point sur les parchemins qu'ils pourraient lui fournir, en échange desquels elle lui vendit quelques trésors récupérés lors de ses aventures dans les profondeurs. Au final, elle récupéra quelques parchemins contenant de puissants sortilèges, appartenant aux écoles souhaitées. Enfin, aux alentours de 05h00 du matin, elle quitta les magiciens de l'université et glissa vers la dimension de poche grâce à la clé dorée, afin que son anneau de téléportation se recharge plus vite.

Mais une fois dans l'étrange dimension noire peuplée de lignes blanchâtres, les choses ne se déroulèrent pas comme prévu. En effet, contrairement à la première fois, elle repéra des éclairs clignotant un peu plus loin dans la brume. Alors elle accrocha une petite bourse sur une ligne blanche en guise de repère, puis traversa la brume grise en direction des éclairs. Là, elle découvrit une sorte de tourbillon dans la brume, comme une sorte de couloir tournoyant parsemé d'éclairs. Mais ne s'en approcha pas plus. Elle retourna auprès de son repère, se coucha sur le sol invisible, et passa une nuit complète de repos.

Lorsqu'elle se réveilla, toujours aussi seule dans cet environnement inquiétant, elle s'intéressa à nouveau au vortex. Mais là, elle fit une mauvaise surprise. Elle tomba sur quatre monstres en forme d'énormes araignées dont le corps se fondait parfaitement avec la texture du vortex. Blessée au plus grave, elle activa la clé dorée pour glisser vers la réalité... et se retrouva en plein milieu d'un champ, quelque part dans la campagne, et loin des araignées. Un paysan du coin lui dit qu'il était midi passé et qu'elle se trouvait à quelque kilomètres de Sta-Fira. Midi ? S'était-il passé autant de temps dans les deux mondes ? Surprise de l'heure et de l'endroit, elle réalisa qu'elle n'avait peut-être pas compris comment fonctionnait la dimension noire. N'était-elle pas sensée lui fournir une zone de compression temporelle ?
Alors, après avoir longuement réfléchi, l'elfe noire retourna dans le flux et retrouva son repère. Arrivée là, elle glissa de nouveau vers la réalité pour atterrir au beau milieu de la nuit... au matin du 09 Cœurazur ! (dans la campagne alentours de Faucongris, en l’occurrence). Mais alors, cette dimension permettait de voyager... DANS LE TEMPS ??

Peu à peu, la drow commençait à comprendre le mécanisme de ses allers-et-retours et le rapport temporel que cela pouvait engendrer entre la réalité et la dimension noire... ou plutôt 'dimension temporelle'. Si elle s'y prenait bien, elle pourrait revenir auprès de ses amis juste après les avoir quittés ! Le tout était de comprendre la façon dont la chose fonctionnait. Alors elle glissa vers la dimension temporelle et décida de traverser le fameux vortex. Trompant les araignées, elle arriva au bout du couloir de brume... et tomba de l'autre côté, au cœur d'un autre vortex. Intriguée, elle étudia un peu les lieux qu'elle ne reconnut pas – du moins, la configuration des lignes blanches locales ne lui était pas familière.
Sans plus attendre, elle activa la clé d'or, et glissa vers la réalité. Elle se retrouva sur une plage, dans le courant d'une journée grise et brumeuse. L'endroit semblait désert, mais un léger picotement lui fit prendre conscience que l'endroit baignait dans une puissante magie. Mais où était-elle donc tombée ?
Grimpant la colline qui surplombait la plage, elle tomba complètement des nues : il y avait là un immense chantier occupé par des centaines d'ouvriers. Et le terrain en travaux semblait s'étendre au-delà même de son champ de vision ! Et les ouvriers travaillaient sur d'immenses tours dont l'architecture lui semblait vaguement familière.
Inquiète plus qu'intriguée, elle descendit vers le chantier le plus proche pour parler aux ouvriers, et découvrit là une petite équipe de 5 personnes au travail. Il y avait quelques humains, un elfe, un nain et un orque travaillant de concert, ayant manifestement mis leurs haines mutuelles de côté. Mais lorsque Sharee tenta de leur poser quelques questions, elle constata qu'ils étaient tous sous l'influence d'une puissante magie de charme (le champ magique qu'elle avait senti à son arrivée ?). Leurs yeux fixaient le vide et leurs visage étaient dépourvus de toute expressivité.
Alors qu'elle s'aventurait au cœur du chantier, elle vit la tour de plus près, et reconnut là son architecture : il s'agissait d'une construction aboleth – et enfin elle comprit. ELLE SE TROUVAIT DANS LE FUTUR ! Un futur où elle et ses compagnons avaient échoué, et toute la population était tombée sous leur influence magique. A présent maîtres du monde, les monstres reconstruisaient la surface à leur convenance.

Enfin, la drow repéra quelques responsables de loin, un groupe d'illithids conversant avec une aboleth baignant dans un lac artificiel – mais s'ils ne la virent pas, c'est le gardien tyrannoeil qui l'aperçut. Sans attendre, la magicienne glissa à nouveau vers le flux temporel, totalement catastrophée. Elle retraversa le vortex à toutes jambes dans l'autre sens, retrouva son repère et retourna à la réalité – elle atterrit dans les rues de Faucongris aux alentours de 05h00 du matin, toujours le 09 Cœurazur, avant de forcer la porte de chez Octavian. Là, elle lui fit frénétiquement un rapport de ses dernières découvertes. Les choses étaient si graves que le magicien décida de la présenter à un illustre invité, actuellement de passage chez eux, et qui aurait peut-être quelques suggestions à lui faire...

Après le départ de Sharee, qui venait juste de se téléporter en surface pour récuperer quelques ressources auprès de ses amis magiciens de Faucongris, les aventuriers Thorgard, Kalanis, Shasurita, Lauranelle, Jenneleth et Pandragora décidèrent de se reposer pour récupérer endurance et magie. Mais tandis que le temps filait, la ville semblait s'éveiller autour d'eux. Et soudain, tandis qu'ils n'avaient bénéficié que d'une demi-nuit, ils furent réveillés par un tourbillon magique duquel surgirent 4 créatures : un drider, une chimère aux ailes rouges, un ogre et une puissante wiverne. Le groupe se jeta au combat, et alliant armes et pouvoirs, ils parvinrent à venir à bout de leurs adversaires.
Cependant, à peine eurent-ils trucidé le dernier monstre que soudain, Ervansharee réapparut au milieu d'eux. Elle leur raconta comment, à l'aide de la clé magique de Kalanis, elle était parvenu (un peu par hasard) à voyager... dans le temps. Et au cours de sa découverte de l'avenir, elle avait constaté avec horreur ce qu'il advenait du monde s'ils ne parvenaient à vaincre les aboleths : une terre désolée où tous les habitants étaient réduits en esclavage par les monstres des profondeurs – aboleths, illithids, tyrannoeils, etc. En outre, elle avait vu Armanus Octavian qui lui avait fourni une petite quantité de potions de soins, avant de rencontrer un illustre et puissant mage nommé Mordenkainen, qui lui avait octroyé divers objets leur permettant de respirer sous l'eau, en plus d'un parchemin de téléportation de masse qui leur serait certainement utile

Désormais prêts à reprendre le combat, malgré leur absence quasi-totale de repos, ils décidèrent d'exploiter tous ces nouveaux objets magiques pour s'attaquer à la tour suivante : ils choisirent la Tour de la Nécromancie.
Après avoir été perturbés par les glyphes de protections au bas de la tour, ils durent affronter deux énormes squelettes de fomorians ainsi qu'un golem d'os. Mais leur puissance de combat et leurs pouvoirs conjugués parvenaient toujours à venir à bout de leurs adversaires. Enfin, ils affrontèrent avec succès l'aboleth qui travaillait là, avant de pouvoir s'attaquer à l'orbe noir de puissance nécromantique qui siégeait au dernier étage. Il leur suffit de la bombarder de pouvoirs d'illusion issus des parchemins d'Armanus, jusqu'à ce qu'elle s'éteigne.
Sans attendre, et tandis qu'ils pouvaient encore respirer sous l'eau, ils retournèrent au bas de la tour pour se rendre dans celle d'Altération – au passage, ils remarquèrent que les corps fris des monstres tentaculaires qui emplissaient le bassin étaient moins nombreux. La ville reprenant ses esprits, les corps étaient évacués peu à peu.

Au bas de la Tour d'Altération, ils furent surpris par des glyphes puissants qui les blessèrent, allant jusqu'à tuer Jenneleth. Puis, ils furent attaqués par deux statues et un golem de Shaboath. L'aboleth du 3ème niveau, quant à elle, les vit arriver, et se para d'une peau de pierre sans attendre ! Le combat qui s'ensuivit ne fut pas aisé, car le monstre les attaquait avec fureur, les empoisonnant tout en tentant de prendre possession de Thorgard. Mais il fut tué à temps. Enfin, les aventuriers détruisirent la sphère de pouvoir à l'aide des parchemins d'abjuration d'Armanus – qui étaient un peu juste en fait, il fallut trouver d'autres sources de magie d'abjuration pour détruire cette tour.

Enfin, buvant de nouvelles potions de respiration aquatique, ils quittèrent le bâtiment, constatant à nouveau que le bassin intérieur était en train d'être nettoyé. Au passage, ils tuèrent une petite aboleth ouvrière qui ne demandait rien à personne, puis se rendirent (avec le corps de Jenneleth sous le bras) dans la 4ème et dernière tour, la Tour de Conjuration.
En entrant à la base de celle-ci, ils déclenchèrent l'invocation de 3 monstres : un drider, une hydre à 8 têtes et une manticore. Le niveau supérieur était gardé par deux élémentaux d'eau – et un rayon prismatique qui eut un effet différent sur chaque individu. Thorgard, par exemple, fut frappé d'une folie furieuse, dont il ne guérit que grâce au bâton de guérison de Lauranelle. Quant au 3ème niveau, il était occupé par une aboleth qui les attendait de pied ferme, recouvert d'une peau de pierre comme son prédécesseur.
Lorsqu'ils durent s'attaquer à la sphère en la bombardant de sors de divination, ils constatèrent que les parchemins d'Armanus ne suffisaient pas du tout. Alors ils trouvèrent divers sorts de bas niveau mais cela ne suffit pas. Alors, en dernier recours, Kalanis sortit sa fidèle boule de cristal, cet objet qui l'accompagnait depuis des années maintenant. Ses compagnons comprirent qu'il allait la sacrifier pour l'occasion. Sharee déposa un baiser sur l'objet, puis le magicien la lança sur la sphère... qui fut consumée entièrement.

Enfin, les quatre tours avaient été débarrassées de leurs sources magiques, l'accès à la tour centrale devait à priori être dégagé, restait à s'y rendre pour rencontrer ses occupants...

A présent que les 4 Tours avaient été désactivées, les aventuriers Ervansharee, Kalanis, Shasurita, Pandragora, Lauranelle et Thorgard se préparaient à leur assaut de la tour centrale. Mais bien que les derniers affrontements aient été relativement faciles, malgré la mort de Jenneleth, l'appréhension de rencontrer le ou la responsable de cette interminable campagne commençait à les faire trembler.
Après s'être gavés de potions de grands soins, ils redescendirent jusqu'au bas de la tour pour rejoindre le bassin central... qu'ils trouvèrent infesté d'aboleths !!! En effet, la cité avait repris vie, et ses habitants avaient par conséquent réinvestis les postes d'importance ! Après s'être concertés un instant, Sharee et Shasurita s'envolèrent au-dessus du bassin (à l'aide de bottes ailées et d'un anneau de vol) afin de bombarder ledit bassin de quelques éclairs judicieusement placés. Hélas, il était hors de question de gaspiller leurs pouvoirs à ce moment de l'aventure, car qui sait ce dont ils auraient besoin à l'intérieur de la tour ? Alors elles se contentèrent de dégager le passage pour que leurs compagnons rejoignent l'édifice central – tuer tous les monstres était alors impossible.
Avant de redescendre, Shasurita la voleuse constata que la ville, tout autour, avait repris vie, et que les postes-clés étaient à nouveau occupés. Par contre, elle ne vit plus aucune trace de leurs propres troupes – leurs derros, fomorians et illithids avaient dû être massacrés pendant qu'eux-mêmes s'occupaient des quatre tours.

Enfin, ils trouvèrent la porte de la tour centrale dégagée, et tous purent y entrer.

Mais évidemment, l'entrée avait été piégée par des Glyphes de Maître, dont l'un eut pour effet de paralyser Shasurita. Ensuite, il fallut s'attaquer aux occupants de l'étage – ici se trouvait l'autel de sacrifice où tous les mages enlevés étaient massacrés pour alimenter le sort ultime des monstres ; se trouvaient là une aboleth, deux guerriers dominés, deux fomorians et 6 zombis. Le combat fut âpre, et ne fut remporté que grâce à une toile d'araignée bien placée par Sharee qui, enflammée par les flèches de Pandragora, consuma ses prisonniers à petit feu. Thorgard s'occupa des zombis, et Kalanis se réservait pour le dernier étage qu'il appréhendait fortement.
(C'est d'ailleurs à cette occasion qu'ils composèrent la petite chanson « Aaaboleth, gentille Aboleth. Aaaboleth, je t'écaillerai... »).

La rampe qui montait vers le 1er étage était piégée, bien entendu, et ils durent essuyer la chute d'un rocher sphérique accéléré par magie. Enfin, la trappe était elle-même protégée par de nouveaux Glyphes de Maître – dont l'un eut raison de Lauranelle, qui succomba à une attaque de froid.

Sharee, Kalanis, Thorgard et Pandragora furent alors accueillis par 6 zombis portant des cuvettes d'acide ! Et si trois d'entre eux furent entravés par une nouvelle toile d'araignée, les trois restant aspergèrent Thorgard, Kalanis et Pandragora du liquide corrosif qui faillit avoir raison du magicien – il fut aveuglé dans l'opération, et ne retrouva la vue que grâce au bâton de soins récupéré sur le corps sans vie de Lauranelle.
Enfin, Thorgard s'occupa des zombis, tandis que la demi-elfe et la drow canardaient leurs ennemis de flèches et de sorts.

A la fin, ils constatèrent que le plafond de cette salle baignait dans une obscurité que même leurs infravisions ne parvenait à percer. Ils découvrirent qu'il s'agissait d'une sorte de portail, qu'ils n'eurent d'autre choix que de traverser.
Hélas ! Le passage était marqué par une Disjonction de Mordenkainen ! Et la moitié de leurs objets magiques, parchemins et potions furent rendus totalement inopérants, séparés de leurs composantes magiques, et redevenant par conséquent des objets totalement ordinaires ! Et s'ils perdirent tous les quatre quelque chose dans l'opération, ils eurent le soulagement de conserver l’Épée des Vaux et la Hache Vorpale de Thorgard.
A cet étage, ils furent accueillis... par un petit gnome sur un trône. Mais s'il paraissait inoffensif au premier regard, il s'avéra par contre... totalement fou. En effet, Darlakanand était un sorcier derro au service des aboleths. Et il accueillit ses visiteurs par un arrêt du temps. Alors il en profita pour faire son monologue de méchant et leur raconter que l'idée et le plan pour exacerber le pouvoir de domination des aboleths venaient de lui, et qu'il fallait être un génie pour réussir à mettre cela au point. Enfin, il libéra un génie, posa trois chèvres magiques (des figurines enchantées) et convoqua une gargouille avant que l'arrêt du temps ne prenne fin. Et un nouveau combat survint alors.
Les chèvres enchantées avaient toute un effet différent – l'une d'entre elles par exemple, émettait une aura de terreur qui entrava le magicien et le minotaure. La demi-elfe se rendit invisible auprès du gnome pour l'occire en toute tranquillité, mais il la vit arriver, et l'affronta comme si elle était bel et bien visible. Le combat fut assez bref, et Darlakanand finit par disparaître par magie dès lors qu'il se sentit trop blessé.

Lorsqu'ils furent tous venus à bout de leurs ennemis, Sharee, Kalanis, Thorgard et Pandragora constatèrent que le plafond était baigné de noirceur, à l'instar du niveau précédent. Mais ils refusèrent de plonger à travers une nouvelle Disjonction, la dernière ayant eu des effets désastreux sur leur matériel. Alors ils se cachèrent tous dans le Cube de Force de Kalanis, et traversèrent le portail sans encombres.
(C'est d'ailleurs à cette occasion qu'ils eurent cette expression, qui est resté depuis lors, « DTC », à savoir « Dans ton Cube ». Bref.).

Enfin, ils finirent par arriver au tout dernier étage de la Tour, et rencontrèrent le seigneur de cette cité : une gigantesque aboleth au corps gonflé à l'aspect des plus écœurants, le Grand Savant Aboleth. Mais ils n'eurent guère le temps de prendre conscience de toute l'horreur de la chose qui les surplombait, que déjà, une horde de zombis émergeait des environs, se dirigeant vers les aventuriers en les dardant de leurs regards vides. En outre, Darlakanand le gnome revint après s'être soigné, un rictus dément sur le visage. L'ultime combat s'engagea.



Le minotaure et la demi-elfe tranchèrent leurs ennemis en y mettant leurs dernières forces, la drow s'éleva au-dessus du champ de bataille pour darder ses ennemis de ses derniers sorts, et tandis que l'aboleth géante se cachait derrière un Mur Prismatique, Kalanis usa de son pouvoir psionique de téléportation pour la rejoindre et l'affronter directement – il avait soigneusement conservé tous ses sorts durant l'exploration de la tour pour ce moment précis.
De leur côté, Thorgard, Pandragora et Sharee abattaient tous leurs ennemis l'un après l'autre – la demi-elfe parvint même à traverser le corps du gnome de son épée. De son côté, Kalanis comprit que son imposant adversaire avait une résistance naturelle à la magie, en plus d'une endurance phénoménale. Et tous les éclairs et boules de feu dont il canarda l'aboleth ne la firent que tressaillir. En retour, l'aboleth géante lui lança des sorts dont il parvenait à échapper pour l'instant.
Enfin, tandis que les zombis commençaient à se raréfier, Sharee usa d'une porte dimensionnelle pour rejoindre Kalanis au-delà du Mur Prismatique, et tous deux firent face ensemble.
Enfin, la demi-elfe et le minotaure exterminèrent leurs derniers ennemis, et Kalanis finit par succomber à de simples projectiles magiques. Catastrophée, Sharee usa de sa toute dernière porte dimensionnelle pour retourner auprès de ses compagnons, et comme le monstre géant était toujours caché derrière son mur, il n'y avait plus qu'un seul et unique moyen pour le rejoindre, c'était d'utiliser le cadeau de Mordenkainen, le parchemin de téléportation de masse destiné à l'origine à les ramener en surface une fois l'affaire terminée. Qu'à cela ne tienne, ils sacrifièrent leur billet de retour et se téléportèrent tous les trois auprès du monstre, qu'ils attaquèrent au corps-à-corps cette fois-ci.
Ils eurent la surprise de constater que celui-ci n'avait aucune protection physique particulière. En outre, il n'avait aucun moyen de se défendre si ce n'est par magie. Et bien qu'il les attaquait avec ses sorts, ils tranchèrent sa chair avec facilité – subissant toutefois les blessures de son sang corrosif à chaque coup.
Et soudain, le corps du monstre commença à gonfler, à enfler et à trembler de partout d'une façon écœurante au possible. Il enfla tant et si bien qu'il finit par emplir toute la caverne ! Obéissant à son 6ème sens, Pandragora s'enfuit vers l'étage inférieur, bientôt suivie par Sharee, de plus en plus effrayée. Hélas, Thorgard n'eut pas le temps ou la présence d'esprit de les suivre lorsque le monstre explosa, soufflant tout l'étage par la même occasion...

Lorsqu'elles se relevèrent, retrouvant lentement leur ouïe, Sharee et Pandragora constatèrent que le plafond du 2ème étage avait disparu, emporté par la déflagration. La première préoccupation de la drow était de retrouver son Kalanis. Aussi usa-t-elle de ses bottes ailées pour survoler la cité alentours. Elle constata d'ores et déjà que tous les habitants avaient manifestement perdu l'esprit, se comportant comme s'ils avaient perdu tout repère. Ensuite, elle finit par mettre la main sur les corps sans vie du magicien et du minotaure – qu'elle mit en sécurité dans une maison proche. Bientôt rejointe par la rôdeuse, toutes deux constatèrent que le monstre, en explosant, avait libéré tout ce qu'il avait dévoré au fil du temps : une quantité phénoménale de richesses et d'objets magiques ! Elles n'avaient qu'à se baisser pour ramasser tout ce qu'elles voulaient ! C'est ainsi qu'elles récupérèrent des joyaux, et des objets magiques en tous genres... jusqu'à ce que la cité se mette à trembler de partout. Alors elles comprirent que la cité de Shaboath serait engloutie d'ici quelques instants ! Sans attendre, Sharee partit chercher le corps de Jenneleth dans la Tour de Conjuration et Pandragora fila dans la tour centrale pour reprendre Shasurita, toujours paralysée au rez-de-chaussée. Enfin de retour auprès des corps de Kalanis et Thorgard, alors que toute la ville commençait à s'enfoncer dans les flots, les deux aventurières eurent la présence d'esprit d'activer la clé dorée, et tous se retrouvèrent instantanément transportés dans l'étrange dimension temporelle que Sharee avait déjà eu l'occasion de visiter...
Hélas, dans leur fuite, elles oublièrent totalement le chien de Pandragora, enfermé dans l'ambassade des baatezus, et dont le destin demeura inconnu.
Désireuses d'éviter la destruction de la cité, elles avancèrent de quelques centaines de mètres dans le même sens que la brume (vers le futur, disait Sharee), et en ressortir une vingtaine de minutes plus tard... pour finir dans l'eau. En effet, elles plongèrent aussitôt dans l'eau salée de la Mer de la Nuit Éternelle, et autour d'elles, aucune trace de la ville. Certes, des corps et des débris flottaient partout autour d'elles, et jusqu’à perte de vue, mais nulle trace de Shaboath.
Alors elles déplièrent le bateau pliable de Szandur récupéré quelques semaines plus tôt auprès d'une sorcière assez antipathique, et ramèrent dans une direction aléatoire jusqu'à la berge. Enfin, après un repos bien mérité, Ervansharee s’agrippa au corps de Kalanis et se téléporta en surface, où elle apporta la nouvelle de leur victoire aux responsables de l'Université de Magie – mais en parallèle, elle leur confia le corps de son amant en les priant de le ramener à la vie. En paiement, elle leur offrit tout ce qu'elle avait ramassé dans les trésors de Shaboath, et qui représentaient, il faut bien le dire, bien plus que le prix d'une résurrection.

En outre, elle acheta quelques parchemins de téléportation pour ramener ses compagnons avec elle, et acheta autant de rappels à la vie que possible pour ramener leurs compagnons d'aventures Thorgard, Jenneleth et Shasurita.

L'aventure commencée deux ans plus tôt était enfin terminée. Et tandis que les morts étaient ramenés au temple pour être ressuscités, les deux survivantes furent dûment remerciées par les autorités de Faucongris, avec défilé et cérémonie en leur honneur. De prime abord, la drow Ervansharee reçut un Bâton du Mage en remerciement, et Pandragora reçut un dragon-fée comme nouveau suivant.
Désormais, elles feraient partie des héros connus et reconnus, et leurs noms seraient synonymes de victoire contre les profondeurs. En outre, les portes des sommités de ce monde leur seraient ouverte si le besoin devait un jour s'en faire ressentir...

Conclusion :

Après une telle campagne, les aventuriers décidèrent de prendre quelque repos. Jenneleth retournerait à Milborne pour voir ce qu'il en restait, peut-être en espérant retrouver Andren, son fiancé d'alors. Shasurita, quant à elle, enfin libérée des profondeurs et des illithids, devrait se trouver un but dans la vie – mais à Faucongris, ce n'est pas les occasion qui manqueraient. Pandragora retourna dans la Forêt Noueuse d'où elle était originaire, désormais connue des hautes instances de ce monde. Pour finir, Ervansharee et Kalanis essaieraient de se trouver une croisière dans les étoiles de préférence en direction de Toril...

Dans les semaines qui suivirent la victoire contre Shaboath, Ervansharee fit une étrange découverte. Dans les derniers temps de la cité des profondeurs, elle avait subi de curieux phénomènes lors de ses combats contre les monstres tentaculaires, phénomènes qu'elle avait imputés à des sorts lancés par ses ennemis. Mais le conflit avait pris fin depuis plusieurs semaines, et d'autres phénomènes étranges lui étaient arrivés. Parfois, le temps passait plus vite autour d'elle. Parfois, elle commandait une bière et recevait un vin (et tout le monde autour d'elle lui confirmait qu'elle avait bel et bien commandé un vin), etc. Des évènements imprévisibles de ce genre lui arrivaient tous les jours.
Dès lors, elle entreprit de prendre des notes dans un carnet, afin de conserver une trace de tous ses faits et gestes. Mais chaque fois qu'un événement se modifiait, les notes dans son carnet se modifiaient aussi ! Et les conversations qu'elle eut avec Armanus Octavian et Kalanis ne lui apprirent rien, car eux-mêmes n'avaient aucune connaissance de ce qui pouvait provoquer de tels phénomènes ! Cependant, elle était convaincue que tout cela était lié à ses déplacements temporels.
Alors, au bout d'une semaine, n'en pouvant plus, elle finit par reprendre la clé de Kalanis pour retourner dans le Flux Temporel (un vendredi à 16h00). Après avoir pris un instant pour étudier les lieux, elle décida de marcher une demi-heure vers le 'passé' avant de tenter de revenir vers la réalité... en vain. Elle revint vers le 'présent' et retenta de retourner dans la réalité, et cela fonctionna. Mais elle se retrouva dans les champs autour de Faucongris. Elle tenta encore quelques allers-retours et constata que systématiquement, elle atterrissait à plusieurs kilomètres de son point d'origine. Et si elle pouvait se déplacer vers le futur proche, il lui était impossible de rentrer depuis le 'passé'.
Le problème, c'est que lorsqu'elle revenait vers la réalité, elle était toujours confrontée à ces phénomènes inexpliqués. Alors elle tenta d'aller plus loin dans l'avenir. Marchant 1 heure dans le sens de la brume, elle revint sur le Plan Primaire pour apparaître dans les champs autour de la ville. Rejoignant Faucongris par téléportation, elle réveilla Kalanis qui lui dévoila qu'elle l'avait quitté depuis 2 jours. Alors, commençant à comprendre comment les choses fonctionnaient, elle retourna dans le flux pour revenir une demi-heure en arrière – et elle atterrit le samedi dans la journée.
Mais les phénomènes qu'elle fuyait ne cessaient de s'accentuer et de s'accélérer, à son grand désespoir. Et à présent, certains évènements plus importants de son passé commençaient à se modifier d'eux-mêmes ! (modification rétroactive : 3 mois plus tôt, au lieu de trouver une baguette magique dans le quartier des illithids, elle s'était rendue plus au nord de Shaboath, où elle avait entendu les aboiements du chien de Pandragora, toujours enfermé dans l'ambassade des baatezus – elle le libéra sans attendre. Conséquence : elle perdit une baguette magique, mais sauva le chien). Il lui arriva même d'être projeté plusieurs minutes dans le futur sans même s'en rendre compte, effrayant Kalanis par le fait !
Enfin, petit à petit, toute la réalité autour d'elle commença à se désagréger tandis qu'un ultime paradoxe eut lieu (modification rétroactive : 5 mois plus tôt, tandis que Kalanis et Sharee visaient Bupgopgoorp, le prêtre-roi kuo-toa dans son palais de la Cité de l’Étang de Verre, ils remarquèrent que ledit palais était protégé par un champ de force – ils ne tirèrent PAS leur boule de feu. Conséquence : ils ne furent pas tués par leur malencontreuse boule de feu, mais l'enchaînement d'évènements fit que le prêtre-roi kuo-toa s'enfuit, indemne).

Et soudain, Sharee fut aspirée dans le Flux Temporel. Effondrée par ces évènements qu'elle ne maîtrisait pas, elle tomba à genoux et se mit à pleurer. Il lui fallut quelques instants pour réaliser que cette fois-ci, elle n'était pas seule. En effet, une femme vêtue sobrement mais dotée d'une clepsydre en guise de pendentif se tenait debout devant elle.
La nouvelle venue se présenta sous le nom d'Emélya, et elle interrogea Sharee sur sa faculté à glisser vers le Flux. Au cours de l'échange qui suivit, la drow comprit qu'Emélya était une 'chronomancienne', en d'autres termes, une magicienne capable de voyager dans le flux temporel par ses seules capacités magiques (nul besoin d'une clé magique dans son cas). En outre, cette 'chronomancienne' semblait faire partie d'un groupe qui s'occupait de protéger le déroulement des évènements et l'intégrité du Flux Temporel.
Au début, elle voulait prendre sa clé à Sharee, mais lorsque cette dernière se présenta, Emélya sembla la reconnaître : en effet, Ervansharee était l'une de ces aventurières qui avaient sauvé la Taerre de l'invasion des aboleths – elle connaissait bien cet évènement car il avait effectivement eu lieu dans une autre ligne temporelle. Cela suffit à ce que la 'chronomancienne' lui accorde une certaine confiance.
Ensuite, elle lui raconta que dans le Flux Temporel, il était IMPOSSIBLE de doublee sa ligne de vie. Et que toute personne tentant – volontairement ou non – de doubler sa ligne de vie provoquait un enchaînement de paradoxes et de troubles divers que l'on appelait 'orage temporel'. En outre, à son paroxysme, l'orage aspirait la personne dans le flux avant de s'apaiser enfin.
Mais dans quelle mesure Sharee avait-elle tenté de doubler sa ligne de vie ? Et c'est alors qu'elle se souvint de son petit voyage dans le 'futur', au cours duquel elle avait découvert un monde dévasté par les aboleths. Et effectivement, cet évènement avait eu lieu... à cette même date, et à cette même heure. D'où l'orage temporel.

Lors de la conversation qui suivit, Sharee tenta de la convaincre de sa bonne foie et de sa volonté de protéger le Flux dans la mesure de ses moyens – bien entendu, son action contre les aboleths parla pour elle, et Emélya finit par lui proposer de se retrouver 2 semaines plus tard pour lui donner sa réponse.

Pour éviter de croiser à nouveau sa ligne de vie, elle s'arrangea pour quitter le Flux Temporel au lundi matin (après ses différentes apparitions du week-end donc), puis elle vécut 2 semaines tranquilles auprès de son Kalanis, et tous deux se rendirent dans le flux où ils retrouvèrent la 'chronomancienne'. Elle leur avoua qu'elle-même avait tout intérêt à leur apprendre le Flux Temporel et ses lois, plutôt que de le leur interdire. Ainsi, durant une bonne demi-heure, tous échangèrent sur le 'demi-plan du temps' afin de savoir ce qu'il était possible de faire et ce qu'il était fortement recommandé d'éviter.
Pour finir, elle les prévint qu'elle garderait un œil sur leurs actions, et qu'ils se reverraient un jour futur...

De retour dans la réalité, Kalanis commença à rêver de rentrer chez lui...

Au cours du mois de Longuenuit 588, tandis qu'un vent glacial soufflait des les rues de Faucongris, la vie d'Ervansharee et de Kalanis prit un tournant inattendu. Après avoir profité d'un repos bien mérité de plusieurs semaines aux frais de la cité, au cours desquelles ils avaient régulièrement eu l'occasion de côtoyer divers grands de ce monde, il arriva un jour où la magicienne drow découvrit qu'elle était enceinte de son cher compagnon. La décision fut instantanée : il fallait rentrer sur Toril afin que l'enfant naisse sur le monde qui avait vu naître ses parents.
Mais le problème se posa alors qu'ils ignoraient comment rentrer sur Toril. En effet, ils étaient venus sur Taerre grâce à un portail magique menant vers Sigil, mais le portail avait été détruit depuis un bon moment par un orage... Il leur restait bien sûr l'option de trouver un vaisseau spelljammer afin de rentrer par le chemin le plus long, traversant les étendues illimitées qui séparaient les étoiles. Dans les jours qui suivirent, ils se renseignèrent partout où ils le pouvaient, se rendant évidemment au chantier naval de Brack Dentcreuse, sur les quais de Faucongris. Mais aucune des solutions proposées ne leur convint – le départ était urgent, et ils ne pouvaient se permettre d'attendre la construction d'un navire neuf (si tant est qu'ils aient les moyens de se le payer).
Dans les jours qui suivirent, Sharee rencontra un riche commerçant du nom d'Aubry de Néomède qui lui fit une proposition. Il venait d'acquérir des terres inexploitées au nord-ouest de la ville, qu'il souhaitait faire fructifier dès que possible. Mais des rumeurs faisaient état d'une présence démoniaque près d'une vieille tour, dont la seule évocation faisait fuir les paysans. Aussi, si elle acceptait de 'dératiser' les lieux, il lui donnerait en échange le vaisseau qu'il possédait, un vieux spelljammer en état de voler, mais dont il n'avait aucune utilité. L'affaire fut vite conclue, et il fut décidé que Sharee prendrait la route dès le lendemain au matin.
Elle traversa ainsi des terres cultivées sur plusieurs kilomètres sans jamais être inquiétée – sa seule apparence de drow au visage dissimulé pouvait lui attirer des ennuis, mais elle ne croisa pour ainsi dire personne, si ce n'est un marchand ambulant qui se montra joyeux jusqu'à ce qu'elle lui dévoile son apparence.

Enfin, au bout de 3 jours, elle arriva au lieu dit, une pointe de terre escarpée en altitude au bout de laquelle était dressée une tour en ruines.
Une rapide exploration lui fit découvrir un passage dans les profondeurs – la tour elle-même ne présentait aucun intérêt – donnant accès un quelques couloirs aux pièges étranges, essentiellement basé sur la téléportation. Puis elle accéda à une partie habitée par quelques gardes. Les lieux étaient effectivement peuplés, mais pas par un démon. Ces hommes manifestement entretenaient la mauvaise réputation des lieux. Sharee esquiva d'autres pièges et s'amusa avec les gardes à leurs dépents, leur envoyant quelques créatures invoquées, et réveillant les morts pour attaquer les vivants. Lorsqu'elle eut fini de jouer avec eux, une fois leur chef tué par ses propres hommes, elle rencontra quelques cuisiniers qui, embauchés pour nourrir la bande, n'étaient au courant de rien. Ils l'aidèrent à trouver une sortie... ainsi qu'un petit démon qui logeait dans les environs.
En effet, il y avait bel et bien un démon, un istaelioth pour être exact, contre qui elle dut se battre pour véritablement libérer les lieux de toute influence maléfique.
Enfin, ils trouvèrent la sortie et remontèrent à la surface.

Quelques jours plus tard, lorsque son action fut rapportée au sieur de Néomède, la drow reçut en main propre le titre de propriété du fameux navire, et le départ des terres de Faucongris fut alors définitivement décidé...

Ayant pris la décision de quitter la planète Tærre pour retourner sur Toril, Ervansharee et Kalanis avaient passé les fêtes de fin d'année à Faucongris tout en préparant leur départ et en prévenant leurs nombreux contacts qu'ils allaient s'en aller. Or, c'est au début du mois de Doufoyer (janvier) de l'an 589AC qu'un riche marchant du nom de Thyris Nostalin prit contact avec eux afin de leur confier une mission importante – leur réputation ayant parlé pour eux, il était évident qu'ils régleraient le problème prestement. En effet, un astéroïde situé à proximité de la planète semblait provoquer des naufrages ; tout navire s'en approchant ayant une fâcheuse tendance à s'y écraser de façon inexplicable. Bien qu'ils aient décidé de quitter la planète dans les semaines à venir, les 5000 pièces d'or de récompense ne leur seraient pas de trop pour retaper le vieux navire que Sharee avait acquis dernièrement.

Thyris Nostalin affréta La Chopine, un Navire Marchand, pour mener les deux aventuriers jusqu'à l'astéroïde – ou à proximité du moins. Car en effet, le capitaine et son équipage refusaient avec raison de s'approcher trop près de la zone dangereuse. Alors les deux magiciens de Toril s'y rendirent à bord d'une petite navette propulsée mécaniquement.

Ayant accosté au rocher, ils constatèrent qu'une tour de 9 étages, flanquée de 4 tourelles moitié moins hautes, dominait le paysage. En outre, les berges étaient couvertes d'épaves en tous genres. Avant de se rendre à la tour, les deux amoureux entamèrent une petite exploration de quelques carcasses alentours, afin de voir s'il y avait encore des choses à récupérer. Mais la passerelle du premier navire qu'ils visitèrent ne supporta pas le poids de Kalanis, qui se retrouva un pont plus bas. Déçu de la tournure des évènements, il laissa Sharee poursuivre les fouilles tandis que lui-même s'approchait de la tour.

Le rez-de-chaussée était un petit labyrinthe gardé par des âmes-en-peine qui erraient dans les couloirs. Après avoir affronté la première, il trouva un espace ouvert au centre de l'étage, orné d'inquiétantes décorations, qu'il préféra éviter par précaution. En poursuivant son exploration, il trouva un accès vers le 2ème niveau.

Cet étage était une grande pièce vide, occupée en son centre par une énorme créature, une terrible hydre crachant des jets de glace. Pour commencer, Kalanis tenta de l'affronter, mais elle était bien trop puissante pour lui. Aussi opta-t-il finalement pour une fuite en avant, afin d'atteindre le 3ème niveau sans avoir à vaincre la cryohydre..

Blessé et épuisé, le magicien arriva en vue d'un laboratoire. De longue tables de marbre, des pupitres, des diagrammes sur les murs, des caisses, des étagères et de nombreux ustensiles d'alchimie meublaient les lieux. Il y avait même un griffon desséché pendant au plafond. En fouillant le fatras, le magicien découvrit un livre intitulé 'Journal d'Ustran'. Ustran ? Le propriétaire des lieux ? En outre, il ramassa une potion ainsi que 2 bâtons éclairants. Enfin, n'ayant plus rien à faire là, il accéda au 4ème niveau.

Il s'agissait à nouveau d'une grande pièce presque vide. Presque, car en son centre siégeait une étrange et massive sculpture aux formes torturées, sans doute réalisée par un artiste fou. Quand le magicien commença à étudier l'endroit, deux énormes chiens démoniaques, des Chiens de Yelt, apparurent pour l'attaquer, aboyant et bavant. Usant de ses pouvoirs, l'académicien vint à bout des deux monstres d'outre-plan, et put enfin explorer la salle. Dans la sculpture, il découvrit 5 perles dont il s'empara.

Au 5ème niveau, il découvrit quelques appartements meublés avec goût – rien à voir avec les étages inférieurs. Dans la plus belle chambre, il découvrit un collier à boules, une baguette, une paire de lunettes et le 'Grimoire d'Ustran', dont il s'empara sans hésiter. Fatigué par son dernier affrontement, le magicien souhaita se reposer dans l'appartement avant de poursuivre son exploration. Il appela Sharee par une fenêtre, et tous deux purent se reposer quelques heures avant de reprendre leur exploration.

Au 6ème niveau, ils trouvèrent un homme-lézard et une licorne, tous deux immobiles, congelés par une sphère d'énergie bleutée qui flottait dans les airs. A leur approche, la sphère attaqua aussitôt. Un combat bref s'engagea entre les magiciens et la sphère, jusqu'au moment où Kalanis, sans doute trop épuisé pour être efficace, fut à son tour congelé. Mais sa manœuvre – un sort de Mains Brûlantes – ayant prouvé que la sphère était sensible au feu, Sharee parvint à la détruire en la brûlant à son tour.
Ensuite, elle usa de la même technique pour libérer son aimé. Enfin, Kalanis usa du même sort pour libérer l'homme-lézard et la Licorne. Mais la cette dernière se montra reconnaissante, le lézard quant à lui attaqua aussitôt, enragé. Mais il fut bien vite mis hors d'état. La Licorne, qui leur avoua avoir été congelée près de 16 ans plus tôt, accepta de les accompagner dans les étages supérieurs pour lever le mystère de cette tour.
Mais alors qu'ils s'engageaient dans l'escalier vers l'étage d'au-dessus, ils furent accueillis par deux femmes, Pandira et Wistamoch, deux aventurières dont la seconde portait un étrange casque fait à partir d'une tête d'illithid (le magicien en eut des frissons). Étant coincées dans les étages supérieurs, elles acceptèrent l'aide des nouveaux venus avec joie.
Avant de quitter l'étage, Kalanis fit le rapprochement entre cette sphère de glace et la cryohydre rencontrée au 1er étage – décidément, cet Ustran avait une obsession pour la glace...

Le 7ème étage contenait quelques râteliers d'armes, dont les magiciens se désintéressèrent rapidement.

Au 8ème étage, Kalanis, Ervansharee, Pandira, Wistamoch et la Licorne s'engagèrent dans une grande salle sombre emplie de filaments d'énergie allant dans toutes les directions. Mais alors que les trois femmes s'engagèrent dans la salle d'un pas sûr, Kalanis et la Licorne eurent soudain le besoin irrépressible de redescendre. Bien que leurs trois compagnes d'aventures aient tenté d'empêcher Kalanis de partir par tous les moyens, rien n'y faisait, il VOULAIT redescendre ! Finalement, elles l'attachèrent et le traînèrent à travers tout l'étage – il ne reprit ses esprits qu'une fois arrivé à l'autre bout de la pièce, interloqué par ce qui venait de se passer...
Dans toute cette agitation, personne n'avait remarqué que la Licorne était partie.

Le dernier escalier déboucha sur le toit de la tour, un étage à ciel ouvert, au centre duquel siégeait un énorme socle supportant un cristal encore plus massif, qui pulsait d'une énergie inquiétante. Autour du socle était lové un effrayant naga, qui intima aux intrus l'ordre de quitter les lieux sans plus attendre. Kalanis lui expliqua la raison de leurs présences – le cristal émettait une énergie néfaste pour les navires, il y avait des victimes et il lui fallait le détruire. En retour, le Naga lui répondit qu'il était là pour protéger le cristal. Chacun fit donc ce qu'il avait à faire, et le combat commença. Le magicien lui lança des projectiles magiques et un Éclair, auquel la créature au corps de serpent et au visage humain résista, avant de lui cracher du poison à la figure. Kalanis tomba, inconscient. Les trois femmes arrivèrent à ce moment, et le combat s'engagea. Une Colonne de feu eut raison de Wistamoch, et un Éclair lancé par Sharee tua le Naga.
La drow réanima son aimé en s'occupant du poison, mais l'on ne pouvait plus rien faire pour l'aventurière, tuée sur le coup. Pandira récupéra son étrange casque.
Pour finir, Kalanis invoqua un nouvel Éclair sur le cristal qui vola en éclats, mettant fin à la malédiction.

Les aventuriers quittèrent la tour, et, après avoir trouvé une petite navette en état de marche dans une épave, ils repartirent tous à bord de La Chopine, qui les ramena sur la surface de la planète, au port de Faucongris plus exactement.

A la fin du mois de Doufoyer (janvier) 589, les préparatifs étaient prêts, Ervvansharee et Kalanis étaient prêt à prendre les voiles. Il ne fallut que quelques jours à Brack Dentcreuse, du chantier spatial de Faucongris, pour trouver une dizaine de volontaires prêts à constituer leur équipage :
- Alidor, un jeune novice qui n'avait jamais mit les pieds dans l'espace, mais qui se rattrapait par une importante force physique,
- Octavius, qui avait déjà arpenté les étoiles lors d'une première virée,
- Alonzo, jeune et innocent, désireux de découvrir le vide qui entourait sa planète,
- Loriam, un spécialiste de la baliste dont il serait le responsable à bord,
- Aldorin, qui avait lui aussi déjà servi à bord d'un spelljammer,
- Luna, qui n'avait aucune expérience mais semblait à elle seule plus sage que tous ses compagnons réunis,
- Ulysse, qui ne rêvait que de faire un beau voyage,
- et Damia, l'archétype de la femme forte, tant physiquement que moralement, et qui, de par son expérience dans le vide de l'espace sauvage, s'imposa rapidement comme chef d'équipage.

C'est ainsi que, au tout début du mois de Semailles (février), Sharee et Kalanis embarquèrent avec leur équipage à bord de La Promise, une vieille caravelle à moitié en ruine, mais qui devrait largement leur suffire pour effectuer une partie de leur trajet, au moins jusqu'à ce qu'ils soient capable de mettre la main sur un autre vaisseau plus récent et en meilleur état.

Sharee se plaça comme capitaine, et tandis que Kalanis le timonier élevait le navire au-delà des terres, elle se remémora ses aventures dans le Comté d'Haran qui avait commencé 3 ans plus tôt, sa rencontre avec Pandragora, Thorgard, Djeto et quelques autres, leur combat contre les Aboleths et la recherche de Jenneleth, les villages de Milborne et Thurmaistre, la Cité de l’Étang de Verre, la Mer de la Nuit Éternelle... Mais tout ceci faisait partie du passé, et il était temps à présent d'embrasser le futur. Et dès lors que le navire quitta l'atmosphère de la Taerre, ils mirent le cap sur les étoiles en adoptant la vitesse maximale.

Il leur fallut 2 jours pour atteindre les limites du secteur 0, entouré par le Broyeur, un vaste champ d'astéroïdes qu'ils durent traverser avec précautions. Ensuite, ils repartirent à pleine vitesse.
Durant les jours qui suivirent, Sharee et Kalanis pilotèrent l'un après l'autre, afin de s'arrêter le moins souvent possible. En parallèle, ils apprirent peu à peu à connaître leur équipage.

Au bout de deux semaines de trajet dans le vide de l'espace, le vaisseau s'arrêta à proximité d'un petit champ d'astéroïdes, au bout duquel brillait une étrange lueur bleutée qui pulsait de façon irrégulière. Ils l'observèrent, intrigués, lorsqu'ils remarquèrent que ladite lumière pulsait de plus en plus vite en perdant graduellement de sa luminosité. Et soudain, le phénomène... explosa ! Une puissante vague d'énergie balaya les astéroïdes alentours, tandis que Sharee ordonna de passer en hypervitesse dans l'instant ! Le temps de Kalanis relance le timon, La Promise fila à travers les étoiles... avant de s'arrêter au bout de quelques instants.

En effet, ils étaient arrivés en vue d'un champ d'astéroïdes disposés en forme sphérique – d'après les cartes stellaires, il s'agissait de Borka, une ancienne planète dont les restes étaient habités par des sociétés d'orques et de gobelins. L'équipage de La Promise aurait volontiers poursuivi le voyage sans interruption, mais l'approche de la vague d'énergie les inquiéta un tantinet. En effet, qui se passerait-il si ladite vague arrivait sur Borka ? La réponse était facile : tous les habitants seraient tués aussitôt.

Mais les conversations stoppèrent lorsque Kalanis prévint de l'approche d'un petit vaisseau très abîmé. L'équipage parvint à le récupérer, pour y découvrir que le pilote, une sorte de hobgobelin, mais pas tout à fait, était inconscient et blessé. Aussitôt, Sharee décida de prendre les choses en main. Elle descendit sur l'astéroïde de Kapha, d'où semblait provenir le vaisseau abîmé, pour y faire une enquête.

De prime abord, il s'agissait d'un territoire agricole, où des paysans gobelins cultivaient toutes sortes de choses pour alimenter la cité de Tak'ta, essentiellement habitée par des orques. Bien entendu, elle y fut très mal reçue, et on lui demanda de quitter les lieux instamment. En suivant l'origine approximative du petit vaisseau, elle trouva une ferme à moitié ravagée par une récente bataille, dont le sol était éventré, donnant accès à un laboratoire où se cachait une petite fille perdue, Akelya.
La petite gobeline... ou quoi qu'elle fut en réalité... lui raconta que ses parents Landka et Kalios – qui n'étaient ''pas comme elle'' – venaient souvent ici pour qu'elle rencontre Kios, un savant qui s'intéressait à sa santé. Mais ce jour, ils avaient été attaqués et tous avaient été attrapés, sauf Kios qui était parvenu à prendre la fuite à bord de son vaisseau.

En ramenant la petite chez sa grand-mère Illka située à quelques kilomètre de là, Sharee apprit que sur Kapha, Orques et Gobelins se vouaient une haine mutuelle ; les orques avaient le pouvoir et méprisaient donc les gobelins. En retour, les gobelins les haïssaient de la façon la plus naturelle du monde. Seule une catégorie d'êtres étaient encore plus haïe par les deux camps : les métisses entre les deux races. Akelya était une métisse, ainsi que Kios. En outre, si leur présence était vaguement tolérée, toute forme de propagande était punie aussitôt. Et évidemment, Kios participait activement à la propagande...
En outre, elle apprit que Kalios était le fils d'un notable de Tak'ta, et qu'en tant que tel, il ne pouvait décemment pas avoir de liaison – et encore moins d'enfant – avec une gobeline.

Après un petit passage au vaisseau pour s'y reposer un peu, Sharee retourna sur l'astéroïde de Kapha pour poursuivre son enquête, cette fois accompagnée de deux de ses hommes, Octavius et Alidor. Tous trois arpentèrent les collines avant d'arriver à Tak'ta où on leur lança des regards mauvais. Partout où elle se rendit pour obtenir des renseignements, on l'envoya se faire voire – la présence d'une drow chez les orques ne plaisait pas à tout le monde manifestement. Elle finit néanmoins par apprendre l'adresse de Kalios... où on la refusa purement et simplement. De dépit, c'est en déployant toute sa palette de pouvoirs qu'elle parvint à y entrer et à jouer à cache-cache avec les gardes pour fouiller la maison pièce par pièce ! Et cela dura jusqu'à ce qu'elle tombe sur un homme qui semblait être le propriétaire, et qui lui avoua avec mépris que Kalios n'était pas ici.
Elle comprit sans le dire que ledit Kalios devait être en prison...

Quittant la maison bourgeoise sans attendre, elle constata que ses deux sbires Alidor et Octavius s'étaient fait arrêter par une dizaine d'orques ! Alors aussitôt, elle invoqua créature sur créature et déchaîna ses pouvoirs contre un prêtre de Gruumsh qui était un peu là par hasard. Le conflit dura jusqu'à ce que l'un des gnolls invoqués parvienne à libérer les deux jeunes marins au cœur de la mêlée générale...

Après quelques recherches, Sharee parvint à trouver la prison, qu'elle étudia longuement avant de prendre toute décision. A première vue, le plan était simple : une tour de guet, une cour intérieure, une entrée gardée par deux soldats orques, et les cellules devaient se trouver sur la droite... Une fois la nuit tombée, elle se rendit au pied des petites fenêtres à barreaux et jeta un œil à l'intérieur. Elle rencontra quelques orques et gobelins piteux... parmi lesquels le fameux Kalios, ainsi que deux amis à lui, les métis Aor et Iva, eux-mêmes présents au moment de la rafle chez Kios. Cependant, nulle trace de Landka. Évidemment, Sharee leur promit à tous de les libérer.
Aussitôt, elle usa de ses bottes ailées pour monter jusqu'au garde de la tour de guet, qu'elle tua de quelques projectiles magiques bien placés. Témoin de la scène, un garde qui somnolait dans la cour lui décocha une flèche qui l'atteint à l'épaule. Mais elle le tua lui aussi avant même qu'il n'ait eu le temps de pousser un cri d'alerte ! Ensuite, elle revint auprès des prisonniers, car depuis l'une des fenêtres, elle pouvait voir le couloir d'accès, dans lequel patrouillaient deux Orogs bien armés. Là, elle fit preuve de ruse... Avant tout, elle demanda à Kalios d'appeler le garde – ce qu'il fit. Le gardien s'approcha en l'abreuvant d'insultes, et aussitôt qu'il fut à sa portée, la drow lui lança un sort de sommeil ; Kalios et le geôlier tombèrent tous deux, inconscients.
Ensuite, elle visa le second gardien auquel elle implanta une suggestion : « Viens auprès des geôles et libère les prisonniers ». Sans trop se poser de question, l'Orog interrompit sa ronde et s'approcha de la zone. Mais il arriva alors un fait que la magicienne drow n'avait pas prévu : l'Orog s'arrêta aux barreaux de sa zone et appela l'autre garde : « Hey, Agrag, viens m'ouvrir ! ». Et hélas, ledit Agrag était endormi près des cellules. Aussitôt, Sharee se glissa près de la fenêtre de la cellule d'Aor et lui demanda d'aller mettre une baffe à Agrag afin de le réveiller. Cela suffit à mettre fin au sort, et le geôlier se remit sur ses pieds, intrigué par cette perte de conscience inexpliquée. Il alla ouvrir à son collègue, et c'est là que Sharee entra en jeu : doté d'une forme ectoplasmique, elle se glissa dans la prison, réveilla Kios et balança un Éclair fourchu sur les deux gardiens, qu'elle carbonisa du premier coup. Suite à cela, elle libéra tous les prisonniers, les arma, et tous d'investir la prison en tuant les gardes.
Alerté par le rafut, un officier quitta son bureau et tenta – à sa façon – de parlementer. Sharee tenta d'en savoir plus sur Landka. Où était-elle ? Pourquoi elle n'était pas dans les prisons ? L'officier mit du temps à se souvenir de la gobeline, et à quelle affaire elle était liée. Enfin, il lui avoua qu'elle était morte. Sans même attendre le comment et le pourquoi, Sharee le tua avec sa baguette de projectiles magiques.
Enfin, usant d'une dernière ruse, elle s'arrangea pour enfermer les deux gardes qui surveillaient la porte d'entrée dans le bureau de l'officier, puis toute la petite troupe de quitter la ville par les champs. Très vite, orques et gobelins disparurent dans la nature, ne laissant que Sharee, Kios, Aor et Iva.
Tous montèrent à bord de La Promise, où ils purent enfin discuter avec Kalios, qui s'étaient réveillé depuis lors. Mais avant d'aborder le dernier problème, ils allèrent récupérer la petite Akelya chez sa grand-mère pour la mettre en sécurité hors de portée des autorités de l'astéroïde. Évidemment, la vielle gobeline refusa pertinemment de les accompagner, préférant affronter les orques de Tak'ta plutôt que de monter à bord du navire d'une drow.

Lors, Akelya retrouva son père Kalios à bord de La Promise.

Très vite, les protagonistes abordèrent la question de la menace cosmique qui approchait de Borka. Kalios était ce qui se rapprochait le plus d'un spécialiste, et s'il émit brièvement l'hypothèse d'un vaccin, le temps manquait pour vacciner tous les habitants de Borka. Une seule solution demeurait : prévenir toute la population de la date précise où aurait lieu la catastrophe, qui aurait alors tout loisir de se mettre à l'abri sur le côté opposé de l'astéroïde qu'il habitait. Cela suffirait... pour peu que tout le monde soit mis au courant. Et c'est alors que la drow se renseignait sur les autorités en place sur Borka (deux nations : Alkarmor, littéralement « Les Tueurs d'Elfes », et Sors Invicta, qui signifiait « l'Inéluctable Destinée »), qu'un navire d'Alkarmor au moins deux fois plus long que La Promise apparut à quelque distance de là. Se plaçant juste au-dessus, ils firent descendre un émissaire qui tenta – à sa façon – de parlementer pour savoir ce qu'une capitaine drow et son équipage d'humains foutaient dans les parages. Mais son attitude se calma lorsqu'il entendit parler de la catastrophe à venir. Étudiant les cartes stellaires avec les informations données par la drow, le navigateur estima l'arrivée du phénomène à 7 jours et demi. Cela leur laissait le temps de prévenir tout le monde... pour peu qu'ils veuillent bien prévenir tout le monde...

Une fois le navire d'Alkarmor reparti, avec la promesse que la drow et son équipage quitteraient les lieux rapidement, ils décidèrent que la suite n'était plus leurs affaires : l'information était passée dans les rangs d'une nation orque, cela devrait suffire pour qu'une majeure partie de la populace se protège le moment venu.

Kios demanda à retourner sur Borka, car son combat pour la libération des métis ne faisait que commencer. Par contre, Aor, Iva, Kalios et Akelya demeureraient à bord pour le moment, dans l'attente de trouver un port d'accueil plus sûr que Borka, qui pourtant les avait vu naître...

Plus d'un mois après leur escale sur l'un des rochers de Borka, l'équipage de La Promise arriva en vue d'une oasis – un port pour être exact, avec une zone d'eau plane étendue en cercle autour d'un rocher habité. Intrigués, ils amerrirent et s’amarrèrent pour y descendre au plus vite – respirer de l'air frais et fréquenter des lieux habités était rare dans l'espace.
Un individu qui entendit Sharee et Kalanis discuter au comptoir de l'auberge les reconnut : Ervansharee était un nom que la plupart des gens avaient entendu ces derniers mois, même dans l'espace. Elle et ses compagnons étaient célèbres désormais pour leur victoire contre les aboleths. Il leur demanda de se rendre dès que possible à la demeure du Grand Duc d'Isbur, le seigneur de l'île, car celui-ci avait une importante mission à leur confier. Enfin, il les quitta.
Intrigués, la drow en parla à son compagnon mais celui-ci s'en désintéressa. Alors elle se rendit au rendez-vous avec le jeune mousse Alonzo. Là, le Grand Duc d'Isbur la remercia mais regretta l'absence des autres compagnons dont il avait entendu parler : Pandragora, Kalanis et Thorgard. En outre, il insista pour qu'elle réunisse le plus grand nombre de ces aventuriers, car l'affaire qu'il avait à leur confier était des plus graves et urgentes. Elle accepta de faire quérir Kalanis dans l'instant, mais le prévint qu'il serait un peu plus long de rapatrier Pandragora, la seule qu'elle était en mesure de retrouver.
Une fois Alonzo troqué contre Kalanis, le Duc leur expliqua que Son Altesse Sérénissime l'Empereur de Viridistan (d'après le nom du secteur spatial dans lequel ils se trouvaient) était passé sur son île 5 jours plus tôt pour une inspection, et que sa fille, la belle et altière Sélima, avait montré un certain intérêt pour son rocher. Aussi avait-elle décidé de demeurer quelques jours ici. Hélas, elle avait disparu 3 jours plus tôt en se rendant à la bijouterie de Khéfir, un célèbre orfèvre capable de réaliser les plus magnifiques bijoux, étant même à l'origine d'une spécialité locale : les bijoux en ambre spatiale. Terriblement inquiet à l'idée de ce qui aurait pu lui arriver, il implora les aventuriers de la retrouver au plus vite. Et si son vieil ami Khéfir était mouillé dans sa disparition d'une façon ou d'une autre, ils seraient bien aise de régler l'affaire discrètement, sa boutique jouissant d'une certaine notoriété.
Acceptant l'affaire, Sharee et Kalanis s'organisèrent : le magicien commencerait son enquête sur le port, tandis que la drow userait de son anneau de téléportation pour se rendre sur Taerre, à des millions de kilomètres de là, pour retrouver Pandragora. Ainsi fut fait, et les deux elfes se retrouvèrent dans de grandes effusions, près d'un an après leur dernière rencontre ! Le temps que son anneau se recharge, la drow eut largement le temps de raconter leurs dernières aventures à sa vieille amie. Enfin, le lendemain, elles se téléportèrent directement à bord de La Promise, à l'autre bout du système solaire. Kalanis leur raconta que son enquête sur le port n'avait pas donné de réponses, si ce n'est de vagues rumeurs, mais il avait repéré un étrange navire tout à l'extrémité du port, sans signe distinctif et entièrement peint en noir... et à priori sans occupant visibles.

Tandis que le magicien demeurait sur le navire, Sharee et Pandragora se rendirent à la bijouterie de Khéfir pour enquêter directement sur place. La demi-elfe se rendit invisible, et Sharee alla toquer à la porte d'entrée (manifestement verrouillée). Le bijoutier vint lui ouvrir et la laissa entrer de même que son amie invisible. Une courte conversation eut lieu, au cours de laquelle la demi-elfe vit le bijoutier user discrètement d'un parchemin pour tenter d'endormir la drow, mais en vain. Enfin, elles quittèrent les lieux avec la promesse de revenir le soir même, une fois qu'il aurait reçu une nouvelle livraison. Première conclusion : ce fameux Khéfir avait effectivement quelque chose à se reprocher !
Le soir venu, Sharee se rendit à nouveau chez le bijoutier, conformément à sa promesse, où il l'accueillit dans le petit salon derrière le guichet, avec le prétexte de lui présenter des pièces plus rares et plus chères. Toujours accompagnée par Pandragora invisible, la drow joua son rôle pendant un temps, puis lança un sort de suggestion pour le soumettre. Lors, elle lui demanda de la mener là où se trouvait la belle Sélima. Incapable de résister au sort, Khéfir quitta la boutique et guida la magicienne jusqu'au fameux navire noir, en marge du port. Une petite investigation s'imposait.
Renvoyant le bijoutier chez lui, les deux aventurières se glissèrent sur le pont, puis dans les coursives. Cachées, elles virent des créatures reptiliennes s'y promener, puis repérèrent une femme enchaînée dans une cale, quasiment nue. Usant de leurs pouvoirs, elles libérèrent la jeune femme et s'échappèrent du vaisseau juste avant que celui-ci ne prenne son envol – mais elle n'était pas Sélima... Alors Sharee retrouva Khéfir – toujours sous influence – à sa boutique, où elle décida de faire le guet avec lui toute la nuit, jusqu'à ce que les créatures ne reviennent le voir, ainsi qu'elles le faisaient quasi-quotidiennement. Mais les heures de la nuit s'écoulèrent sans que personne ne se présente. Lors de la journée qui suivit, Sharee finit par (faire semblant de) sombrer dans le sommeil. Alors, Khéfir en profita pour l'attacher au mur.
Le soir, les créatures vinrent embarquer la drow, toujours endormit, qui fit mine de se réveiller seulement une fois qu'elle fut ramenée à bord du navire peint en noir. Là, les créatures reptiliennes l'enchaînèrent dans la cale, la débarrassèrent de toutes ses possessions, la laissant nue dans l'obscurité, avant de l'y abandonner. Peu après, le navire prit son envol, alors que Pandragora, invisible, vint la rassurer : elle avait cartographié les lieux et savait même où se trouvaient les vêtements et possessions de son amie. Aussitôt, elles débloquèrent les verrous et entamèrent de visiter les lieux. Elles firent quelques macabres découvertes, comme le garde-manger où pendaient des restes humains. La pire fut sans doute dans la timonerie où pendait le corps à moitié mangé d'une femme qui avait dû être très belle. Sharee et Pandragora se figèrent : s'agissait-il de Sélima ? Mais elles ne purent s'interroger longtemps, car en tuant le timonier, elles avaient provoqué l'arrêt du vaisseau. Et aussitôt, une horde de monstres se présenta dans l'escalier, que Pandragora tira l'un après l'autre tandis que la drow se rhabillait. Ensemble, elles firent un carnage, tuant chaque occupant du navire l'un après l'autre, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. Enfin, s'assurant que La Promise les avait bien suivis, conformément au plan, elles prirent le contrôle du navire et poursuivirent la route jusqu'à un amas d'astres d'eau, comme un chapelet de bulles accrochés sur la toile noire de l'espace. Or, la sphère d'eau la plus grosse était couverte d'un archipel en son centre, dont l'île principale arborait l'entrée d'une énorme caverne.

En fouillant les lieux, les aventurières et l'équipage de La Promise libérèrent deux jeunes femmes nues et affamées, enfermées dans une cage, l'une d'entre elles ayant eu une main dévorée par une créature – l'ambiance de cette affaire et les horreurs qu'elles ne cessaient de découvrir effrayaient la drow et la demi-elfe, qui n'avaient pourtant d'autre choix que de poursuivre.
Après avoir repoussé l'attaque de deux créatures, elles trouvèrent plus loin une sorte de dauphin à 3 yeux, mourant et attaché au mur. Après lui avoir prodigué quelques soins, elles le libérèrent, et celui-ci s'enfuit en volant droit vers les étoiles.

Enfin, elles trouvèrent une sorte de temple où se tenait une imposante statue d'illithid, mais un illithid massif avec une nuée de tentacules au lieu des 4 habituels. Quel dieu était-ce là ? Monstrueux, il figea la demi-elfe sur place. Fort heureusement, elles trouvèrent enfin Sélima, enfermée dans une caverne proche, avant de rencontrer les dirigeants innommables de ce culte indicible : une prêtresse écailleuse et une sorte d'énorme homme-poisson, massif et gras, avec une bouche pareille à celle d'un crapaud. Ils ne représentèrent pas une véritable menace pour les aventurières, qui quittèrent les lieux avec la jeune prisonnière sans demander leur reste. Depuis La Promise, Sharee faillit carboniser Le Requin Noir, mais la demi-elfe lui suggéra de le récupérer plutôt que de le détruire...

Enfin de retour au port d'Isbur, le Grand Duc les récompensa de la manière prévue, et lorsque Son Altesse Sérénissime l'Empereur de Viridistan eut vent de toute cette affaire, il s'occupa personnellement de Khéfir, dont on n'entendit plus jamais parler. Bien entendu, les aventurières et leurs compagnons furent invités à passer une semaine dans leur palais, où on les récompensa de nouveaux trésors.

Cette vie pleine d'excitation et de nouveauté avait manqué à Pandragora, qui décida de rester avec Sharee dans l'espace pour poursuivre le voyage avec eux. Quant à leurs passagers, les gobelinoïdes de Borka, Aor, Iva, Kalios et la petite Akelya, ils les remercièrent grandement pour le voyage et décidèrent de rester sur ce rocher pour espérer commencer une nouvelle vie ici...

Ainsi fut fait. Seul bémol dans cette histoire, le livre récupéré entre les mains du monstre, un manifeste du culte, ne contenait pas beaucoup de termes en langue commune – seuls des schémas de magie interdite et de vivisection humanoïde. Ils n'y trouvèrent qu'une phrase qui semblait contenir un terme pouvant correspondre au nom de la créature représentée par la statue : il s'agissait du mot « Cthulhu »...

Afin de leur montrer sa gratitude, l'Empereur de Viridistan invita Ervansharee et son équipage sur son planétoïde, le Cœur de Viridistan, qui se trouvait être le centre du secteur, un lieu de vie où toutes sortes de créatures allaient et venaient, une sorte de centre spatial de la culture de cette zone de l'espace. La cité était vaste et florissante, et outre les nombreuses réceptions auxquelles Sharee, Kalanis et Pandragora étaient invités, la drow en profita pour développer sa connaissance de l'espace auprès des érudits qu'elle eut l'occasion de rencontrer.
Ainsi apprit-elle la nature de l'univers à travers cette curieuse matière appelée « Phlogiston » dans laquelle baignaient les sphères de cristal. Pour se rendre dans les Royaumes et retrouver leur monde, ils devraient traverser un océan de phlogiston. Sans compter qu'ils devraient trouver un portail permettant de traverser les frontières du système...

Dans le même temps, Sharee fit réparer La Promise afin de le vendre. Cette petite caravelle fatiguée, remise en état et équipée d'un timon en parfait état, lui rapporta une petite fortune. Quant à son nouveau navire, Le Requin Noir, elle le fit repeindre en noir brillant et le rebaptisa La Reine Noire, en hommage à elle-même et à sa présence que rien ne pouvait éclipser.

Après une semaine de repas, de rencontres et de visites en tous genres, elle fut invitée à bord du Chant Stellaire, un vaisseau de croisière de luxe appartenant à la flotte de Viridistan. Celui-ci prenait la même direction que les aventuriers, aussi fut-il rapidement décidé que Kalanis, Pandragora et l'équipage de La Reine Noire suivraient le Chant Stellaire à quelque distance pour les rattraper quelques jours plus tard.

Ainsi la drow put-elle profiter des délices du Chant Stellaire, profiter de ses baies donnant sur d’époustouflantes vues de l'espace, goûter des plats venus de mille planètes différentes et côtoyer d'étranges créatures aux formes plus variées les unes que les autres.

Hélas, cela ne pouvait durer éternellement. Car au bout de deux semaines de trajet à pleine vitesse dans le vide inhabité de l'espace, le bâtiment fut attaqué. Visitant la timonerie à cet instant, la drow ne dut sa survie qu'à ses réflexes qui lui permirent d'éviter des débris du navire – le timonier n'eut, quant à lui, pas cette chance. Alors qu'elle s'extrayait des gravats, elle aperçut une forme entrer dans la timonerie, une masse de chair pourvue de pédoncules et de crocs effrayants... Avant même de savoir à quoi elle avait affaire, elle lui lança une salve de projectiles magiques qui explosèrent sur la surface du monstre. Aussitôt, le tyrannœil  se laissa tomber vers la drow, et tous deux d'échanger des éclairs de magie : Sharee résista à un sort de Charme-personne et à une Lenteur mais fut blessée par un rayon de Blessures Graves. Quant à elle, elle parvint à lancer un Cône de froid qui gela le monstre pour le compte. S'emparant d'un œil pédonculé sur le cadavre congelé, elle quitta la timonerie pour se rendre à la passerelle tandis que tout le navire, autour d'elle, continuait de subir les assauts d'attaques extérieures.

Là, elle tomba sur une scène de carnage : tous les membres d'équipage gisaient, morts, au milieu de gravats qui s'amoncelaient petit à petit. Et un autre tyrannœil flottait au-dessus des corps, achevant les derniers survivants. La drow se jeta dans la salle pour invoquer un Éclair mais le monstre, pourvu de nombreux organes oculaires sur le haut du crâne, la repéra aussitôt et braqua plusieurs de ses yeux dans sa direction : en vain, elle lâcha son Éclair en premier et le corps sphérique du monstre tomba, carbonisé.

A cet instant, une partie de la coque extérieure fut arrachée, livrant aux yeux de la belle une vue magnifique sur la nébuleuse rouge qui tournait autour du navire. Et alors que les corps commençaient à être aspirés dans le vide, une partie du plafond s'effondra sur la magicienne, qui sombra dans l'inconscience.

Elle goûta aux plaisirs de l'inconscience durant une période qui lui parut aussi longue qu'une vie d'homme, mais lorsque la réalité lui revint, elle remarqua avant tout qu'elle était bloquée au sol – une poutre lui coinçait le torse contre le plancher. La seconde chose qu'elle remarqua était le voleur en train de lui retirer ses bottes. Elle se mit à gigoter pour tenter de le frapper – il s'enfuit avec une botte en main. Alors elle rassembla toutes ses forces pour soulever la poutre qui la bloquait, et prit alors conscience que le décor, à l'extérieur, avait changé durant son inconscience : la nébuleuse rouge avait laissé la place à un paysage vers lequel le Chant Stellaire (ou tout du moins ce qui en restait) se dirigeait à grande vitesse ! IL ALLAIT S’ÉCRASER !

Sans attendre une seconde, la belle envisagea de se téléporter mais, comble de malheur, le voleur ne s'était pas contenté de lui voler une botte, il était aussi parti avec ses anneaux... Il ne lui restait plus qu'une chose sur la quelle compter : la chance. Paniquée, elle courut s'accrocher à quelque poutre sachant que cela pouvait très bien ne servir à rien...

Puis ce fut le naufrage.

A quoi la drow dut-elle sa survie ? Ses réflexes ? Une chance inouïe ? Des réflexes acquis au gré d'années d'aventures ? La protection d'Eilistrae ? Quoi qu'il en soit, elle était toujours vivante, bien que meurtrie jusqu'au os. Allongée sur le dos, dans les hautes herbes, avec d'innombrables gravats entassés autour d'elle, elle ne percevait de son nouvel environnement qu'un ciel violet et rougeâtre, un air pur et une végétation assez variée mais aucun arbre à proximité. Elle se releva avec difficulté et s'aventura dans les alentours. Outre l'épave du Chant Stellaire, elle remarqua que l'horizon n'était pas naturelle : parfois trop proche, parfois curieusement incurvée vers le ciel, la drow en déduisit que l'astre sur lequel elle venait d'arriver n'avait pas une forme sphérique.

Puis alors qu'elle commença à visiter les lieux pour retrouver le cadavre de son voleur, elle entendit des petits cris d'oiseaux. Et c'est alors qu'elle remarqua des petits lézards, pas plus gros que des poulets, qui s'amoncelaient autour d'elle...

***

Après avoir carbonisé quelques petits lézards qui s'étaient attaqués à elle, Ervansharee tenta de jeter un œil aux environs. Titubant de par son corps blessé de toutes parts, elle se mit en tête de retrouver son voleur : il lui avait subtilisé ses anneaux magiques ainsi qu'une botte, magique elle aussi. Il était hors de question qu'elle fasse une croix sur ces trésors !
Alors elle commença à fouiller les débris de l'épave. Des heures durant, elle explora les lieux, où elle ne rencontra aucun survivant. Les cadavres, innombrables, étaient la proie des petits lézards qui s'en donnaient à cœur joie – au moins, ils ne s'intéressaient pas à la drow, qui pouvait ainsi aller et venir sans crainte d'être inquiétée.
Elle passa ainsi une journée entière à chercher et chercher encore, lorsqu'une grande fatigue l’assomma. La drow se terra dans un recoin assez sécurisé pour y dormir et étudier son grimoire. Puis elle reprit ses recherches.
Après de longues heures à chercher et fouiller encore, elle finit par trouver les vestiges de ce qui fut une cage d'escaliers. Avec un peu de chances, elle y retrouverait son voleur. Elle s'enfonça alors dans l'obscurité et trouva un cadavre, mais pas le bon. En fouillant plus loin, elle finit par enfin mettre la main sur son voleur – celui-ci n'avait pas résisté à la chute, son crâne ayant explosé sous l'impact. Dans ses affaires, elle récupéra quelques pièces ainsi que la botte que celui-ci lui avait volée, mais elle ne trouva aucune trace de son anneau.
Alors, sous une pluie battante, elle monta jusqu'au sommet de ce qui restait de la cage d'escalier, trouvant là une plateforme d'où elle avait une bonne vue sur les environs : là, utilisant un sort, elle parvint à localiser diverses sources magiques. Cette option lui permit de repérer plusieurs emplacements dans les environs qui irradiaient d'énergie. Ainsi, elle mit la main sur une baguette à la ceinture d'un mage défunt, ignora quelques carreaux d'arbalète magiques, et mit enfin la main sur l'anneau qu'elle cherchait depuis longtemps !

Alors elle put enfin envisager d'explorer les environs. Pour commencer, elle laissa un message magique destiné à Kalanis si celui-ci parvenait à la retrouver. Puis elle dut définir des directions dans cette géographie peu commune, puis se dirigea vers ce qu'elle avait choisi comme étant l'est. Peu à peu, elle mettait de la distance entre elle et l'épave, attirant l'attention d'un nombre croissant de petits lézards aux cris aigus. Au bout de quelques kilomètres, c'est toute une horde de ces petits reptiles qui la suivaient sans oser s'approcher de trop près. Mais Sharee sentait qu'ils étaient à présent assez nombreux, et qu'ils oseraient bientôt. Heureusement, elle arriva sur les berges d'un immense lac, où elle s'engagea – à l'aide de son anneau magique de marche sur l'eau. Elle rit sous les cris indignés des reptiles qui ne la suivirent pas.

Mais à présent, c'est une nouvelle rencontre qui devait s'imposer à elle. Arrivée à mi-chemin de l'île qui se dressait au centre du lac, la drow aperçut une longue forme se glisser sous la surface de l'eau, juste sous elle. Puis c'est une tête de reptile, presqu'un serpent, mais de dimensions assez effrayantes, qui surgit de l'eau. L'animal l'observa un moment puis s'en désintéressa. Très intriguée, la magicienne ne prit pas le temps de s'interroger sur les raisons de cette attitude (elle s'attendait évidemment à être attaquée), puis reprit sa route jusqu'à l'île.

En arpentant ce lopin de terre isolée, elle tomba nez-à-nez avec de grands reptiles dressés sur leurs pattes arrières, possédant une haute crête sur le crâne ainsi qu'un museau en forme de bec de canard. Passé la frayeur initiale, elle réalisa qu'elle avait à faire à un troupeau d'herbivores ! Bien qu'intimidants, ces animaux ne lui ferait à priori aucun mal. Soulagée, elle traversa l'île sans s'y attarder puis, réactivant son anneau de marche sur l'eau, elle entreprit de traverser le lac jusqu'à la berge opposée. Et là, après avoir marché sur les ondes quelques kilomètres, elle aperçut du coin de l’œil une forme se glisser jusqu'à elle. Au début, elle crut à un petit animal glissant à la surface de l'eau – puis elle réalisa qu'il ne s'agissait en réalité que des yeux d'un animal énorme ! Sans demander son reste, elle activa ses bottes de vol pour prendre de la hauteur... à la dernière seconde ! Car soudain, dans une gerbe d'eau, un gigantesque crocodile dont la gueule était plus longue que Sharee était grande bondit pour la happer ! Il la manqua de peu, mais lui donna un petit coup de museau qui lui fit perdre sa concentration : elle retomba aussitôt dans les vagues, juste à côté du corps écailleux du monstre. Effrayée par cette rencontre, elle usa de son anneau de téléportation pour rejoindre la rive opposée.

Manifestement, il n'y avait ici que des reptiles. De toutes les tailles en l’occurrence. Des carnivores comme des herbivores. Était-elle tombée sur un monde sauvage ? Y avait-il des traces de civilisation dans cet endroit ? Ou bien était-elle la première civilisée à découvrir ce lieu ?

L'elfe noire entreprit de poursuivre sa route en direction des montagnes qu'elle apercevait au loin. Mais au bout de quelques kilomètres, tandis qu'elle s'approchait de la zone rocheuse, elle fut rattrapée par une nuée de procompsognatus, identiques à ceux du site du naufrage. Mais cette fois-ci, elle ne pouvait se cacher nulle part, et aucun autre cadavre dans les environs ne pouvait détourner leur attention. Alors, sans autre forme de procès, elle leur lança une boule de feu qui embrasa les hautes herbes, tua la plupart des lézards, et fit fuir les autres. Alors elle quitta les lieux, sereine.

Du moins, presque sereine. Car dès lors que le bruits de l'explosion fut calmé, elle remarqua un changement d'atmosphère. Une sorte de silence assourdissant s'était abattu sur la plaine, comme si tous les bruits naturels avaient fui, pour laisser place à... quelque chose. Comme une présence. Mais Sharee ne vit rien, ni personne. Alors, tout en restant sur ses gardes, elle entreprit de longer les montagnes par la droite pour s'éloigner de cet endroit inquiétant.

Lorsque le soir vint, elle arriva en vue d'une vaste plaine habitée par d'étranges herbivores dont le crâne était surmonté par un véritable pavois d'écailles et de cornes. Les pentacératops étaient pacifiques, et bien qu'elle ne s'approcha pas d'eux, eux-même ne s'intéressèrent pas à elle.

Le lendemain, elle poursuivit sa route et, longeant un vaste lac, traversa une jungle étouffante habitée par de gros reptiles herbivores chassés par des sortes de carnassiers agressifs, dont l'un d'eux sembla s'intéresser de trop près à la magicienne drow ! Alors, tandis que les Iguanodons fuyaient autour d'elle, elle usa de ses bottes ailées pour prendre de l'altitude avant de décocher un violent éclair vers le cératosaure ! Mais bien que l'animal fut projeté à terre avec un hurlement plaintif, il se releva et s'enfuit sous l'effet de la douleur.

De retour sur terre, la drow comprit qu'en prenant cette direction, elle quitterait le territoire des pacifiques herbivores pour s'engager dans celui, bien plus hostile, des carnivores. Mais à quoi bon changer de direction ? Elle n'avait aucun repère particulier. Seul le « tout droit » pourrait la mener quelque part. Alors elle reprit sa route, et après une nuit de repos à proximité d'une crevasse béante qui déchirait le paysage, finit par s'engager à travers la plaine des cératosaures.
Durant les premières heures de son périple, elle parvint à passer relativement inaperçue – les monstres semblaient assez éloignés d'elle. Mais à mesure qu'elle avançait, les cris se rapprochaient de plus en plus. Finalement, lorsque sa route fut bloquée par une rivière, elle constata que des hurlements lui parvenaient de trois direction : de la gauche, de la droite et de derrière elle, comme si les monstres l'avaient prise en embuscade ! Or, elle constata aussi que de l'autre côté de la rivière, se trouvaient des traces de civilisation : maisons bricolées dans des arbres, mouvements dans la brume, ces bruits et des voix... Alors, sans attendre d'être dévorée par les cératosaures, elle usa de son anneau de téléportation pour apparaître de l'autre côté du cours d'eau, au beau milieu d'une place de village.

Et effectivement, les lieux étaient habités. Car dans la seconde qui suivit son apparition, elle entendit des cris de toutes parts, et aussitôt, des hommes en armes bondirent de tous côtés pour encercler la drow d'un air menaçant...

***

Très vite, les hommes se jetèrent sur elle à plusieurs pour l'attaquer, mais elle se contenta de se défendre plutôt que de les blesser avec sa magie. Surprise, une femme qui assistait à la scène ordonna aux hommes de s'écarter – du moins c'est ce qu'il sembla car ils baissèrent tous leurs armes et reculèrent. La femme, qui sembla être le chef, s'adressa à elle dans un Commun marqué par un fort accent. Avant tout, elle lui demanda des comptes, car en tant que sorcière drow, elle représentait une menace non-négligeable. Mais Sharee la rassura en lui racontant comment elle était tombée sur cet astéroïde trois jours plus tôt, alors que son navire était attaqué par des tyrannoeils. Ses interlocuteurs demeurèrent méfiants, et tandis que la femme escorta la drow vers un autre village situé à quelques kilomètres de là, les hommes en arme les suivirent, dague en main.
Plus loin, ils s'installèrent tous autour d'un feu avec Grand-Père Besnik, le sage ou le chef de cette communauté qu'ils désignaient eux-mêmes sous le nom de « Apérusas ». Après une séance au cours de laquelle peu de mots furent échangés, le vieil homme lui conseilla d'aller voir le vieux Jerna, qui vivait dans une caverne à l'écart. Lui saurait l'aider à retrouver ses amis.

Alors Sharee les remercia et les quitta – au grand soulagement des apérusas – décidée à rejoindre ces montagnes sans prendre de repos.

Il lui fallut marcher toute la nuit, ainsi que toute la journée qui suivit, pour traverser les territoires de nombreuses créatures herbivores, fort heureusement peu agressives. Puis enfin elle parvint à la zone du naufrage du Chant Stellaire, où elle repéra quelques apérusas en train de démonter les ruines du bâtiment, sans doute dans l'espoir de fabriquer un nouveau vaisseau viable, dans l'espoir de quitter ce rocher un beau jour.

Mais elle ne s'y arrêta pas, car elle savait quel accueil ceux-ci allaient lui réserver. Alors elle poursuivit sa route, très vite repérée par un nombre croissant de petits lézards... Mais alors, plutôt que de leur faire face, sachant qu'elle avait encore un long chemin à parcourir, elle recourut directement à son anneau de téléportation ! En effet, pourquoi une telle perte de temps ? Elle savait à peu près où se trouvait la caverne du fameux Jerna, et aurait pu s'y rendre tout de suite.

Elle se matérialisa au pied d'une haute montagne, la première de la petite chaîne qu'elle avait longée quelques jours plus tôt, puis elle commença à fouiller les lieux en quête de la caverne où logeait celui qui pourrait l'aider. Elle chercha ainsi quelques heures, montant toujours plus haut dans la zone rocheuse, jusqu'à ce qu'enfin, elle aperçoive une anfractuosité dans la pierre, suffisamment grande pour dissimuler une caverne.
Alors elle s'approcha et, sans y entrer, appela d'une voix forte. Au bout de quelques instants, elle aperçut un mouvement dans l'obscurité de la grotte, et une forme imposante commença à bouger. De plus, une voix forte et caverneuse lui répondit : « QUI SE PERMET ? ».
Et à sa grande surprise, c'est un tyrannoeil qui apparut au seuil de la caverne...

Terrifiée par cette rencontre, Sharee s'immobilisa – en tant qu'ex-habitante des profondeurs, elle connaissait le pouvoir de leur œil central, qui consistait à neutraliser naturellement toute forme de magie dans leur champ de vision, une plaie pour les magiciens. Mais elle savait aussi qu'il ne l'attaquerait peut-être pas à vue – drows et tyrannœils étaient parfois alliés dans certaines situations. Alors, méfiante, elle recula de quelques pas en bredouillant quelques propos incohérents. Immuable, le monstre flotta lentement dans sa direction. « QUE VOULEZ-VOUS ? » demanda-t-il de sa voix puissante. « Je cherche le vieux Jerna, si vous pouviez m'aider à le trouver... ». « C'EST LE NOM QUE ME DONNENT LES GENS DES VILLAGES. JE ME NOMME JERNACKEX ».

Abasourdie, la drow n'en revint pas : c'était LUI le vieux Jerna ? Les apérusas l'avaient envoyée rencontrer... un tyrannœil ? Mais que faisait-il là ? Et... que pourrait-il faire pour elle ?

Elle lui raconta comment elle était tombée sur ce rocher et lui demanda si il pouvait l'aider à s'en échapper. Contre toute attente, Jernackex accepta, pour peu qu'elle y mette le prix. Alors elle ouvrit sa sacoche et chercha de quoi payer le monstre. Et tandis qu'elle fouillait ses affaires à la recherche d'un quelconque trésor que le monstre ne pourrait refuser, ils échangèrent au sujet des tyrannœils qui avaient attaqué le vaisseau de croisière. Ceux-ci, réunis sous une bannière de pirates esclavagistes, parcouraient la Nébuleuse Rouge à la recherche d'esclaves potentiels. Ils kidnappaient les membres d'équipages des petits navires, tandis qu'ils détruisaient tout bonnement les bâtiments trop gros car intransportables. C'est ce qui était arrivé au Chant Stellaire, dont elle était la seule rescapée.
Finalement, Sharee trouva peut-être un objet magique et puissant qui pourrait servir de monnaie d'échange avec Jernackex. Elle décrocha son pendentif de son cou et lui présenta la Maison de Shilek, une miniature capable de se déployer sous la forme d'une véritable maison. Elle le prévint néanmoins que ladite maison se refermait toujours au bout de quelques heures, écrasant ses occupants éventuels. Le tyrannœil écarquilla les yeux en y voyant là un piège parfait pour ses ennemis ! Puis il accepta le marché. Après l'avoir vidée de son contenu, Sharee se sépara alors de la petite maison magique – avec regret, car après tout, elle la portait entre les seins depuis près de 3 années. En échange, Jernackex lui raconta qu'un vaisseau elfe s'était écrasé un peu plus loin, de l'autre côté de ces montagnes, quelques mois plus tôt. Et qu'elle y trouverait certainement de quoi quitter ce maudit rocher...

La sorcière drow remercia le monstre et le quitta, soulagée que la rencontre se soit passée aussi bien. Après une nuit à panser ses dernières blessures, elle s'engagea dans les plaines des compis. Bien entendu, elle dut en tuer quelques uns pour se frayer un passage et faire fuir les autres. Elle marcha quelques heures dans les plaines qui, peu à peu, se changèrent en une jungle épaisse et sombre bordant un lac très poissonneux. L'endroit n'était, pour autant, pas moins dangereux que les autres régions : d'immenses oiseaux reptiliens aux ailes membraneuses venaient y piocher un poisson régulièrement au cours d'un vol silencieux.

Poussant son exploration, Sharee finit par dénicher l'épave d'un Man'o-War elfe recouvert de végétation et brisé de toutes parts, dont la proue s'était plantée dans le sol sous la violence manifeste du choc. Après avoir tué un ptéranodon un peu trop envahissant, la drow grimpa dans le bâtiment qu'elle visita de fond en comble. Il n'était plus en état de voler, et son timon était brisé. Les os blanchis des cadavres ornaient la plupart des salles et les racines avaient tout envahi au point que rien, ou presque, ne pouvait être récupéré. Elle parvint tout de même à mettre la main sur de vieilles cartes stellaires déchirées et couvertes de moisissures, ainsi qu'un sextant qui semblait avoir peu souffert.

Puis elle découvrit, dans la cale, des caisses dont le contenu avait été soigneusement emballé, au point d'avoir survécu au naufrage : d'étranges racines ornées de voiles transparents... Pour commencer, Sharee supposa qu'il s'agissait là d'une jeune pouce de vaisseau, d'un vaisseau identique à celui dans lequel elle se trouvait et qui, à la façon des elfes de l'espace, n'était en fait qu'une plante « modifiée ». Puis elle réalisa que la racine réagissait à sa présence... alors, confiante sans trop savoir pourquoi, elle lâcha la plante qui vint ramper sur elle et se fixer à son thorax tout en déployant de grandes ailes dans son dos. Elle réalisa alors qu'elle pouvait voler comme un oiseau ! Et peut-être même... monter jusque dans l'espace ?
Fébrile quant à cette découverte, elle embarqua d'autres racines identiques, puis s'élança vers les cieux ! Bien sûr, cela attira l'attention d'une dizaine de ptéranodons qui partirent à ses trousses. La drow sut qu'elle n'aurait pas le dessus, alors elle usa de son anneau de téléportation pour réapparaître loin de là, juste sur les lieux du naufrage du Chant Stellaire.

Enfin, depuis ce site, elle s'élança vers les nuages, pour atteindre l'espace après une ascension d'une vingtaine de minutes. « Et maintenant ? » se demanda-t-elle lorsqu'elle se retrouva dans le vide de l'espace infini...

Assise sur un petit astéroïde qui dérivait lentement dans l'espace, Ervansharee réfléchissait à sa situation. Elle était parvenue à rejoindre l'espace grâce à cette étrange racine ailée. Elle cherchait à rejoindre son vaisseau, la Reine Noire, mais elle ignorait où celui-ci se trouvait. Elle hésitait à utiliser son anneau de téléportation pour le rejoindre – car pour peu que celui-ci se trouve en hyper-vitesse, elle risquait de se retrouver perdue dans l'espace...
En étudiant les restes de plans récupérés dans l'épave du Man'o-War elfe, elle parvint à se repérer, et à localiser un emplacement approximatif qui semblait correspondre à la tanière des pirates tyrannoeils. Mais la distance était bien trop grande pour qu'elle s'y rende par ses propres moyens.
Elle se demanda si elle aurait intérêt à redescendre sur le planétoïde pour demander aux apérusas si ceux-ci pourraient l'aider... et ses pensées dérivèrent vers la petite clé dorée de Kalanis : la Clé Temporelle pourrait lui apporter une solution. Pendant un long moment, elle se demanda si elle pourrait remonter le temps et trouver Kalanis dans le passé pour lui donner un lieu de rendez-vous précis dans le présent... mais les paroles d'Emélya, la gardienne du temps rencontrée quelques 6 mois plus tôt, lui revinrent en mémoire : il était impossible de doubler sa ligne de vie. Aussi Sharee pouvait se rendre dans le passé, pour peu que cela soit avant sa naissance (quelques 130 ans plus tôt) ou dans l'avenir comme elle l'avait déjà fait. Cette idée était une fausse piste, et elle chercha ailleurs.
Finalement, après avoir gambergé deux heures durant, elle finit par remarquer un détail important : la Reine Noire était sensée la rejoindre après 4 jours. Or, combien de temps avait-elle passé sur l'astéroïde aux dinosaures ? Cela faisait 5 jours que le naufrage avait eu lieu ! 5 jours ! Par conséquent, soit la Reine Noire était déjà passé par ici, soit elle avait déjà été attrapée par les esclavagistes tyrannoeils...
Alors, elle décida de tenter la téléportation, avec le risque de se retrouver dans l'espace... ou encerclée de tyrannoeils. Afin de prévoir l'attaque, elle étudia une nouvelle liste de sorts et prit quelques heures de sommeil sur son petit astéroïde dérivant, puis, après un rapide déjeuner, elle ferma les yeux, se concentra sur la Reine Noire... et serra le poing qui détenait son anneau.

Aussitôt, l'ambiance changea. L'air ici était moite. La drow avait bien un sol sous les pieds – un sol de bois – et aucun rugissement violent ne vint briser le silence. Alors elle se risque à ouvrir les yeux... et se retrouva à bord de la Reine Noire, ainsi qu'elle l'avait espéré. Mais deux choses la perturbèrent : primo, où était l'équipage ? Secundo, pourquoi son vaisseau semblait-il avoir souffert de brûlures et de chocs ici et là ?
Ça n'est qu'à cet instant qu'elle remarqua la chose : la Reine Noire était amarrée à un astéroïde, aux côtés de nombreux autres vaisseaux plus ou moins abîmés. En outre, une véritable cité semblait recouvrir l'astéroïde. Mais l'architecture des bâtiments était effrayante et monstrueuse, et de nombreux tyrannoeils volaient ici et là.

Ainsi, la Reine Noire et son équipage avait-ils été attaqués par les tyrannoeils esclavagistes qui infestaient la nébuleuse rouge... Colérique, la drow décida de ne jamais quitter les lieux sans son Kalanis ni aucun de ses membres d'équipage ! Hélas, les tyrannoeils faisaient partie des pires monstres que l'on pouvait trouver dans l'espace ou sur terre – à sa connaissance du moins.
Elle constata que l'étage inférieur de son navire n'avait pas trop souffert de l'attaque. Sa chambre était intacte, de même que les commodités et le contenu de la cale. Elle profita de ce calme avant la tempête pour se changer, et troquer sa robe de princesse contre sa tenue plus appropriée de capitaine de navire, puis elle envisagea d'espionner les monstres.
Depuis sa cachette, elle remarqua que les tyrannoeils, bien que peu nombreux, volaient un peu partout en ville. La plupart se rendaient dans l'énorme bâtiment central – une sorte de palais probablement. Mais ils évoluaient peu au niveau du sol, ce qui pourrait lui donner un avantage certain pour visiter les lieux.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à quitter son navire, un monstrueux vaisseau vint s’amarrer au roc, un horrible bâtiment organique pareil à un organe pourvu de tentacules et d'un œil énorme s'arrêta à quelque distance de la Reine Noire, et une dizaine de tyrannoeils s'en échappèrent pour investir la ville. En outre, un tyrannœil plus gros que les autres les suivit. Et tous de se rendre au palais. A cet instant, tous les autres monstres de la cité les y rejoignirent – Sharee supposa qu'une vente d'esclaves devait avoir lieu, et que ceux-ci étaient des clients potentiels.

Alors elle se coucha dans sa chambre, se cacha sous quelques couvertures, et se concentra sur une forme spirituelle – sa conscience prit une forme nuageuse, et elle s'engagea sur le rocher pour commencer à le visiter en l'absence de ses habitants. Avant tout, elle tenta de trouver une entrée dans le palais mais n'en trouva aucune qui soit à la fois au niveau du sol et ouverte. Mais elle localisa des entrepôts non gardés, des bâtiments de nature indéterminée et un chantier de réparation de navires.

Enfin, elle repéra un quartier où divers monstres erraient au niveau du sol – c'était probablement là qu'ils gardaient leurs prisonniers.

Terrifiée à l'idée de ce qu'elle serait obligée de faire pour retrouver son équipage, elle regretta amèrement l'époque où Pandragora et Thorgard l'accompagnaient dans ses aventures...

Toujours sous forme spirituelle, la mystique drow poussa sa visite un peu plus loin, et finit par être convaincue que le bâtiment hémisphérique autour duquel patrouillait un monstre mi-insecte géant mi-tyrannœil était une prison. Et l'entrée était à son sommet, sous la forme d'un tube de métal vertical dans lequel flottaient les monstres. Alors elle y monta lorsque le gardien s'était éloigné et se laissa descendre au cœur d'une petite foule de 20 ou 30 personnages en tous genres – essentiellement des humains, mais aussi quelques hommes-lézards – tous vêtus à la façon de marins ou de pirates. Et au milieu de ce groupe de prisonniers apeurés, elle repéra son équipage vivant et en bonne santé !
Évidemment, lorsqu'ils repérèrent cette étrange brume évoquant la silhouette de Sharee, Kalanis et Pandragora se dirigèrent dans sa direction pour tenter de communiquer par gestes. Après s'être décidés sur un plan, la drow réintégra son corps physique, et la brume s'évapora.

De retour sur La Reine Noire, la mystique drow employa une forme ectoplasmique pour se glisser discrètement sur l'astéroïde. Elle rejoignit la prison dans laquelle elle entra facilement. Enfin réunie physiquement avec ses deux amis et son équipage, ils mirent au point un plan d'évasion. Avant tout, il fallait récupérer leurs affaires à tous. En effet, les prisonniers avaient tous été dépouillés de leur équipement, laissés là en haillons jusqu'à ce qu'un monstre vienne le récupérer pour le tuer, et pas dans les conditions les plus agréables à en croire les cris qui provenaient d'un tube dans le sol. Fort heureusement, Pandragora avait usé de son lien mental avec ses animaux pour les localiser. Et si son chien Djet' s'était caché sur l'un des navires du port, terrifié, son dragon-fée Papillon s'était caché au sommet d'un bâtiment voisin. Invisible, il n'attirait pas l'attention des autochtones. Or, Pandragora lui avait demandé de visiter les bâtiments voisins à la recherche de leurs affaires, et il avait fini par trouver.
Sharee lui prêta alors son anneau de téléportation, et la rôdeuse les téléporta toutes les deux dans le bureau où étaient entassées leurs affaires, actuellement examinées par un étrange pseudo-tyrannœil sans œil central. Le combat qui s'ensuivit fut bref, au cours duquel la drow invoqua un Cône de glace sur le monstre, avant que Pandragora, ayant récupéré l'Épée des Vaux, ne le fasse exploser en mille petits cubes de glace. Fortes de leur victoire, elles récupérèrent toutes leurs affaires ainsi que celles de l'équipage, sans oublier de fouiller un peu le reste des trésors entassés ici...
Enfin, elles retournèrent vers la prison, et durent cette fois affronter son gardien – l'étrange surveillant pseudo-tyrannœil présentait autant de traits d'un insecte (géant) que d'un tyrannœil. Mais quel monstre était-ce là ? Fort heureusement, les pouvoirs conjugués des deux aventurières firent littéralement exploser le monstre à l'aide d'un Éclair bien placé. A l'aide de Bottes ailées et d'un Anneau de Vol, elles rejoignirent les prisonniers et entamèrent l'évasion. Pour commencer, elles conférèrent des Pattes d'Araignées aux membres d'équipages Ulysse, Luna, Alidor, Damia et Aldorik, qui purent escalader les parois jusqu'à la sortie. Kalanis se téléporta directement jusqu'à La Reine Noire en emportant le jeune Alonzo avec lui. Puis les deux aventurières prirent leur envol pour quitter la prison en soulevant Octavius entre elles. Quant à Loriam, il grimpa jusqu'à la sortie avec la corde que Pandragora laissa pendre. En fuyant, il la laissa en place afin de permettre à tous les autres prisonniers de s'enfuir dans la foulée.

Les échappés de La Reine Noire commencèrent alors à traverser la cité tyrannœil – tout d'abord discrètement. Mais en traversant un chantier de réparation des navires, un autre surveillant pseudo-tyrannœil les repéra et poussa un long cri d'alerte. Pandragora et Sharee le tuèrent pour le compte, mais c'était trop tard. Dans l'instant, un tumulte commença à résonner à l'intérieur du château sphérique qui surplombait l'astéroïde. Une course effrénée commença alors, tandis qu'un nuage, une nuée de monstres s'échappait du palais par tous ses orifices, se dirigeant droit sur les fuyards.
Pris de panique, tous les prisonniers en fuite réintégrèrent leurs navires respectifs dans l'espoir d'une fuite rapide. Sharee et Pandragora, quant à elles, arrivèrent sur le ponton qui menait à La Reine Noire, mais le chemin leur était barré par un tyrannœil – un vrai cette fois. Les deux aventurières déchaînèrent tous leurs pouvoirs dans l'espoir d'abattre le monstre – la semi-elfe le cribla de flèches magiques alors même que la drow tentait de le soumettre par magie. Mais son sort de Suggestion fut un échec – dans la précipitation, la magicienne avait oublié la zone de non-magie induite par l’œil central du monstre. Elles durent esquiver les nombreux rayons magiques qu'il darda dans leurs directions, le seul qui atteignit la drow fut, fort heureusement, absorbé par son équipement magique. Enfin, la rôdeuse dégaina l’Épée des Vaux et combattit le monstre de front, alors que la mystique lui décochait un Éclair dans le dos. A leur grand soulagement, le monstre s'affaissa à leurs pieds, cuit et mort.
Alors sans attendre leur reste, elle se précipitèrent à bord de La Reine Noire, aussitôt suivies par le reste de l'équipage qui attendait derrière elles. Et à leur grande surprise, à peine furent-ils tous montés, que le bâtiment se mit en mouvement, s'éloignant aussitôt du rocher ; en effet, un peu plus tôt, Kalanis s'était téléporté directement sur le vaisseau, lui laissant le temps de démarrer le Timon en attendant que les autres le rejoignent.

Enfin, la drow savoura la victoire en regardant le rocher tyrannœil s'éloigner lentement alors même que l'essaim de monstres fondait sur les autres navires qui, eux, n'avaient pas eu le temps nécessaire pour démarrer. En outre, lorsque le Vaisseau-Tyran se mit en branle, il servit surtout à rattraper les autres navires qui tentaient de fuir, laissant toute liberté à La Reine Noire de disparaître en hyper-vitesse...

Note : Pour l'anecdote, Pandragora se souvint, mais trop tard, qu'elle avait encore oublié son chien derrière elle. En effet, l'animal s'était réfugié dans l'un des vaisseaux voisins, sur le rocher tyrannœil. Sharee lui rétorqua qu'elle ne pourrait pas le ramener à l'aide d'un paradoxe temporel cette fois-ci, elle trouvait trop dangereux de jouer avec les ficelles du temps. Mais l'animal put néanmoins être récupéré plus tard, par une conjonction de Téléportations de Pandragora (avec l'anneau de Sharee) et de Kalanis.

L’Océan arc-en-ciel : Le Flux
Scénario écrit et maîtrisé par Chrysalid • 19/06/21
Ervvansharee • Espace Gris, Phlogiston, Migreplume 589 AC (25 jours)

Deux semaines après avoir quitté le rocher des tyrannœils, la Reine Noire sortit d’hyper-vitesse – Ervvansharee, Kalanis et Pandragora s’y attendaient. D’après leurs calculs, ils avaient atteint les confins du système solaire, ses limites ultimes. Il leur avait fallu plus de 3 mois de voyage dans le vide de l’espace sauvage, et après avoir traversé des épreuves inattendues telles que l’orage stellaire aux alentours de Borka, les adeptes aquatiques près de Viridistan, et la planètes aux dinosaures dans le secteur de la Nébuleuse Rouge, ils étaient enfin arrivés à la frontière. Au-delà, on leur avait parlé d’un océan coloré appelé ‘Phlogiston’.
Kalanis stoppa le vaisseau tout près de la barrière. Puis il se leva du timon et marcha jusqu’à la proue, d’où il tendit une main pour toucher ce qui s’y trouvait. Il trouva une sorte de mur sombre, lisse comme du cristal. Bien entendu, l’on n’y voyait pas au travers.
Quelle que soit cette matière, elle protégeait l’Espace Gris de ce qui se trouvait au-dehors – on racontait même qu’elle était indestructible, et qu’aucune forme de magie n’était capable de la détruire. Fort heureusement, lors de leur séjour au cœur du Viridistan, on leur avait remis un parchemin de Localisation de portail, qui avait été spécifiquement conçu pour leur permettre de localiser l’un de ces portails naturels qui apparaissaient parfois sur la Sphère de Cristal. C’est la drow qui le déroula et le lut. Après 10 bonnes minutes d’incantations, elle sut instinctivement où trouver un portail naturel. Aussitôt, elle donna l’ordre de reprendre la route. Kalanis s’installa et le navire s’ébranla.

Après quelques heures de voyage le long de la frontière, ils finirent par apercevoir une sorte d’étrange cercle sans lumière – contrairement à la paroi alentours, qui était d’un noir impénétrable, ce phénomène indéfinissable semblait plutôt tenir d’une absence de lumière. Sharee fit un petit discours à son équipage et en profita pour laisser le choix à tout le monde de les quitter avant qu’il ne soit trop tard, s’ils trouvaient cette expédition trop dangereuse. Mais son charisme jouant, ils acceptèrent tous de rester, bien que ne pouvant pas cacher une certaine inquiétude.
Enfin, la capitaine drow donna l’ordre, et Kalanis manœuvra le navire pour le placer face au portail. Puis ils s’y engagèrent. Au début, ils eurent l’impression que le bâtiment était avalé par une forme noire, mais très vite, celui-ci subit une embardée, et fut pris par une brusque poussée d’accélération ! Ils eurent à peine le temps de voir la paroi de la Sphère, côté poupe, disparaître au loin, tandis qu’ils étaient projetés à grande vitesse à travers un flux puissant, au milieu d’un univers irisé aux mille couleurs chatoyantes. Autour du navire, de gigantesques nébuleuses colorées semblaient s’étendre à l’infini, bien que nulle étoile ne brillait au milieu de cette étendue sans limites.

Depuis ce jour, le voyage avait pris une nouvelle tournure. Car le mage et la drow avaient compris une chose : s’enfoncer plus proche du centre du flux leur faisait prendre de l’accélération ; s’en extraire ralentissait le navire, voire l’arrêtait complètement. Il fallait néanmoins manœuvrer avec concentration pour garder le cap – bien que, pour tout dire, nul n’était persuadé de la direction prise. En outre, d’autres facteurs avaient littéralement modifié l’ambiance à bord, dont cette lumière perpétuelle provoquée par les couleurs célestes permamentes – il n’y avait pas de nuit dans le phlogiston. En outre, cette matière étant violemment inflammable, il n’y avait guère de moyens de s’éclairer dans les ponts inférieurs.

Après un voyage de 6 jours, ils aperçurent au loin un énorme nuage grisâtre dans lequel ils s’enfoncèrent sans trop se méfier – à tort, car ils réalisèrent très vite que celui-ci était rempli de rochers dérivant, contre lesquels ils manquèrent de se crasher plus d’une fois ! Fort heureusement, la chance était à leur côté, car ils surent éviter toute avarie. Hélas, ils comprirent trop tard que l’oxygène du vaisseau avait été souillé. À présent, chaque inspiration était difficile, voire douloureuse. En quelques heures, l’état de santé de tout le monde se détériora.

Après deux jours de navigation laborieuse dans cet état, ils arrivèrent en vue d’un vaste nuage de gaz ambré. Évidemment méfiants, ils quittèrent le flux pour décider quoi faire. Mais le nuage était bien trop vaste pour être simplement contourné, et quand bien même, sans étoiles, comment se repéreraient-ils pour reprendre le même cap ? N’ayant guère de choix, ils s’enfoncèrent dans le nuage. Et à leur grande surprise, les effets leurs furent particulièrement bénéfiques ! Car non seulement, leur air fut entièrement renouvellé, mais la nébuleuse semblait chargée qu’une puissante énergie positive car toutes les anciennes blessures de l’équipage se résorbèrent, les cicatrices disparurent et ce, jusqu’à la plus petite infection !

Après deux jours de navigation supplémentaires, Kalanis manœuvra la Reine Noire vers l’extérieur du flux : il avait repéré un navire proche. En effet, une vieille caravelle dérivait, seule, dans l’océan arc-en-ciel. La capitaine drow se méfia un peu, mais elle ordonna d’aller y jeter un œil. La Reine Noire vint se positionner juste au-dessus, puis ils lancèrent une échelle de corde. Sharee s’y rendit, accompagnée de quelques membres d’équipage, dont le petit Alonzo et le fier Octavius ; ils furent surpris par une Raie pastenague de l’espace, petite créature affamée qu’Alonzo tua du premier coup. Ensuite, seule Ervansharee pouvait voir dans le noir, alors elle descendit seule dans les coursives, où elle rencontra Edmar, un marin humanoïde à la peau grisâtre, blessé à mort, manifestement seul à bord. Il refusa les soins qu’elle lui proposa, mais en revanche, il implora son aide : en effet, une flotte gobeline se dirigeait actuellement vers le château du Seigneur Acton, il fallait les prévenir à tout prix !

La drow comprit rapidement l’urgence de la situation et, obligée d’abandonner Edmar à son sort, elle remonta sur la Reine Noire et donna des ordres pour prendre la route immédiatement.

Après quelques heures de voyage dans la direction indiquée par Edmar, ils arrivèrent en vue d’un astéroïde dérivant dans le phlogiston. Un village recouvrait sa surface, et le tout était surplombé par un château. Dans un mouvement presque brusque, Kalanis manipula le navire pour le garer rapidement, et Damia sauta à quai pour trouver des gens à prévenir. Très vite, Sharee et une petite équipe descendit à son tour pour se rendre au port... mais ils n’y trouvèrent personne. De prime abord, l’endroit semblait désert. Puis ils aperçurent ici et là des corps allongés un peu partout. Et l’état des lieux leur sauta aux yeux : l’endroit avait déjà été détruit, et sa populace massacrée. Tout le monde était mort, ici. Les bâtiments étaient couverts de végétation et les murs fissurés. Une bataille avait bien eu lieu, mais elle devait remonter à plusieurs décennies !

Tandis qu’ils évoluaient dans les rues du village, ils finirent par entendre des bruits, et se firent attaquer par une petite meute de chiens ailés qui semblaient avoir élu domicile ici. Le combat fut nécessaire.

Enfin ils traversèrent un pont et accédèrent à la ville…

L’Océan arc-en-ciel : La chasse aux gobs !!
Scénario de Thierry Lemaire, maîtrisé par Chrysalid • 25/09/21
Ervvansharee • Phlogiston, Flammereigne 1369 CV, Migreplume 589 AC (1 jour)

Tandis qu’ils traversaient le pont, Alonzo prévint Ervansharee qu’il avait remarqué des mouvements sur l’autre rive. La drow s’arrêta, prudente, puis décida d’avancer malgré l’avertissement. Et soudain, trois gobelins surgirent d’une ruine d’en face, tirant moult flèches et proférant mille menaces ! Fort heureusement, la sorcière elfe y était préparée, et aucun trait ennemi ne la toucha. D’un geste rapide, elle leur envoya des Projectiles magiques qui en tuèrent deux – elle acheva le dernier d’un coup de dague.

Puis le silence retomba sur la ville. L’endroit était en ruines, et la végétation avait pris le dessus depuis des années, voire plus. Sharee ne put s’empêcher de se demander ce qui était arrivé ici, et surtout à quand cela remontait-il ? Edmar les avait pourtant bien envoyé ici en urgence… Elle ne cessa de se torturer l’esprit tandis qu’ils traversaient les rues désertes. Il y avait bien quelques cadavres ici ou là, mais ils étaient complètement desséchés. N’auraient-ils pas dû être rongés par la pourriture ? Et comment expliquer ce silence ?

Ils finirent par arriver en vue du bâtiment qui surplombait la ville, depuis les contreforts rocheux d’une petite montagne. Hélas, l’endroit n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait dû être jadis. Les toits s’étaient effondrés, les vitres étaient toutes brisées, et encore une fois, tout était recouvert d’une végétation. Sans y mettre les pieds, elle comprit qu’il n’y avait plus rien à découvrir.
- Tout est mort ici, murmura-t-elle en détaillant la triste façade qui la surplombait.
- Non pas tout, lui répondit Octavius en pointant dans une direction.
En effet, un peu plus bas s’agitait une silhouette allongée au sol. Sans délai, ils se précipitèrent tous les quatre vers ce qui s’avéra être une femme d’âge moyen, tailladée de coups de couteau ou de dague. Elle était en train de se noyer dans son propre sang. Lorsqu’elle vit les nouveaux visages se pencher sur elle, elle attrapa brusquement la drow par son col, et lui dit :
- Sauvez-les !
- Quoi ? Qui ça ?
Pour toute réponse, l’inconnue désigna une direction, plus bas sur la colline. Puis elle eut un spasme et ses yeux se révulsèrent. Sharee hésita à sacrifier une Potion de grands soins pour la sauver. Qui était cette femme ? Est-ce que cela valait le coup de la sauver ? Finalement, elle se décida lorsqu’elle vit la vie quitter les yeux de la femme – elle lui versa une fiole dans le gosier.
Avait-elle réagi trop tard ? L’inconnue avait cessé de s’agiter. La potion avait-elle eu le temps de faire son œuvre avant que la mort n’ait fait la sienne ? Mais il n’y avait pas le temps de se poser ce genre de question. S’il y avait des gens à sauver dans le secteur, il n’y avait pas un instant à perdre. Ils laissèrent la femme sur place et descendirent un chemin de terre. Ils repérèrent de loin la présence de trois gobelins gardant l’entrée d’une caverne à flanc de colline.
Discrètement, ils s’approchèrent.
C’est là que l’étrangeté de ce lieu apparut à Sharee. Ils étaient à environ 15 mètres des créatures mais ils entendaient distinctement deux d’entre eux ronfler, et le troisième ricaner dans son coin, comme s’ils étaient tout proches ! La drow réalisa alors la nature du silence écrasant qui plombait l’ambiance : il n’y avait ici ni vent, ni insectes, ni même le moindre bruit. En fait, elle entendait surtout ses propres battements de cœur. Décidément, cet endroit où il ne faisait jamais nuit était de plus en plus inquiétant…
Elle jeta un cailloux qui détourna l’attention du seul garde éveillé – elle le tua en lui enfonçant une Baguette de projectiles magiques directement dans les côtes. Celui-ci carbonisé, il fut aisé de tuer les deux créatures qui dormaient plus loin.

La voie était libre, tous les quatre s’engagèrent dans l’obscurité. Comme deux membres de la petite équipée étaient humains, la drow enchanta l’épée d’Alonzo pour qu’elle émette assez de lumière pour tout le monde.

Un passage sur la gauche menait à une salle d’armes qui permit à certains de s’équiper. Mais une porte au-delà était fermée à clef.
Un couloir en face donna sur une dalle piégée dans laquelle Sharee tomba. Blessée, elle remonta pour constater que ledit couloir donnait sur un cul-de-sac.
Ne restait que le passage de droite. Ils y trouvèrent une réserve de nourriture, une cuisine, et au-delà, une grande salle où mangeaient deux hobgobelins. Elle les endormit à distance pour pouvoir les tuer sans résistance d’un simple coup de lame. Avec surprise, elle découvrit quelques trésors dans leurs sacoches dont elle s’empara sans hésiter.
Un escalier descendait vers des chambres aux paillasses malodorantes. Dans la 3e, ils trouvèrent deux gobelins en train de dormir – ils les tuèrent sans autre forme de procès.

Par-delà un long couloir, ils découvrirent une chambre un peu plus meublée que les simples paillasses, mais dont le lit présentait des proportions assez importantes. Avant de quitter la pièce, la drow sentit quelque chose d’étrange dans l’architecture, comme si les murs dissimulaient quelque chose. Elle se promit d’y revenir.

Un escalier descendait vers une grande salle du trône habitée par un roi bouffi d’ego et trois immondes flagorneurs. Aussitôt, la drow lança un Sommeil sur le roi alors que ses proches dégainaient leurs armes – en vain. Ils tentèrent de se mettre à couvert, mais Sharee fut plus rapide ; deux d’entre eux tombèrent, morts. Elle se précipita sur le dernier qu’elle tua d’un coup de dague.

Une fois les créatures dépourvues de leurs possessions, les 4 explorateurs trouvèrent la chambre du roi, dans laquelle ils récupérèrent quelques trésors dont un trousseau de clés. Une autre porte mena à une cellule un peu plus loin où gisait une jeune femme, dont l’état prouvait qu’elle avait été molestée par ses geôliers. Elle se présenta sous le nom de Lanéa, fille du Capitaine Thron. Avec son équipage à bord du Chant de la Sirène dérivant dans le phlogiston, ils avaient été attaqués par le vaisseau des gobelins. Elle ignorait ce qui était advenu de ses compagnons.

À cet instant, un énorme Gobelours se présenta et se jeta sur eux en bavant. Bien qu’il fut une plus grosse menace, ils parvinrent à l’étendre pour le compte.

La dernière porte donnant sur la salle du trône menait à une sorte de laboratoire regorgeant de mille fioles et bocaux sans la moindre mention – même un mage n’aurait pu s’y retrouver ! Puis dans le bureau au-delà, ils rencontrèrent le jeune Jen Elric, alchimiste au service des gobelins. Il leur avoua que travailler pour la vermine verte était le seul moyen d’assurer sa survie. En outre, en apprenant qu’ils étaient tous morts, il parut soulagé de pouvoir « poursuivre ses travaux seul ».
Bien que n’ayant aucune confiance en lui, ils le laissèrent là et décidèrent d’explorer les zones blanches du plan. Mais non sans avoir enfermé Jen dans son laboratoire en ricanant.

En revenant dans la salle d’armes, ils ouvrirent la porte qui mena à une sorte de débarras, puis à une salle de torture ! Là, ils y trouvèrent un ami de Lanéa : Gandelme le Dextre. Et tandis qu’ils le libérèrent, il leur raconta que les gobelins avaient réussi à attraper « une bête », et à l’enfermer dans les souterrains de l’astéroïde, une bête terrible et monstrueuse qu’ils avaient testée en lui envoyant tous les membres de l’équipage du Chant de la Sirène. À sa connaissance, il ne restait plus que lui et Lanéa. Sharee leur parla de la femme découverte dehors, dont elle ne pouvait leur garantir qu’elle avait survécu. Aussitôt, Gandelme et Lanéa quittèrent les cavernes pour retrouver leur amie.

De son côté, Sharee décida de retourner dans la chambre du gobelours car quelques détails d’architecture lui avait soufflé qu’un passage dissimulé devait s’y cacher. Elle chercha et chercha encore, et finir par repérer des rainures entre les briques, ainsi qu’un trou de serrure habilement dissimulé. Parée du trousseau de clés du roi, elle l’ouvrit, et mit à jour un passage étrange et froid qui, sans que nul ne comprenne pourquoi, les effraya. Si bête il y avait, elle se terrait là-dessous…

Tout le monde retourna à bord de la Reine Noire. Les blessés furent installés dans une chambre, alors que Kalanis fit part à Sharee de son inquiétude : ils n’étaient pas seuls ici, il le sentait. La drow lui demanda alors de passer sous l’astéroïde pour y jeter un œil.

Ainsi fut fait. Le vaisseau fut désamarré et commença à faire le tour du rocher… pour y découvrir un tout autre décor ! En effet, l’endroit avait été aménagé en spatioport de fortune, et un vaisseau y était amarré. Ce bâtiment avait l’aspect global d’une mante religieuse avec d’énormes pinces à l’avant. Et manifestement, celui-ci les attendait, car il décolla aussitôt ! Très vite, Sharee donna l’ordre de s’éloigner, mais hélas, le vaisseau gobelin s’avéra rapidement plus rapide et plus maniable. Il y eut un échange de tirs de balistes et de catapulte qui ébranlèrent les coques. Puis la drow décida de procéder autrement : elle donna les rennes de son vaisseau à Kalanis avant de se Téléporter directement dans la « tête » de la Mante. Dès lors, elle commença à massacrer du gobelin ! Hélas, point de timon ici. Alors, tandis que le bâtiment ennemi s’approchait inexorablement de la Reine Noire, la drow descendit d’un étage et attaqua ses occupants.
Au-dehors, elle entendit un horrible craquement lorsque l’une des pinces se refermait sur son vaisseau, puis un second. À présent, les deux navires étaient bloqués l’un contre l’autre dans une danse macabre.

Dans l’instant, une horde de gobelins déferla sur la Reine Noire…

L’Océan arc-en-ciel : Abordage dans le phlogiston
Scénario maîtrisé par Chrysalid • 26/09/21
Ervvansharee • Phlogiston, Flammereigne 1369 CV, Migreplume 589 AC (le temps d'un abordage)

L'équipage de la Reine Noire eut à peine le temps de se préparer à l'assaut des gobelins que déjà, les créatures vertes déferlaient sur le pont en ricanant, toutes dagues dehors. Les lames s'entrechoquèrent violemment ! Au début, seuls les vrais combattants et aventuriers aguerris participaient au combat, laissant les plus jeunes derrière pour leur propre sécurité, dont Alonzo, Ulysse et Luna. Même Kalanis, pourtant peu habitué au maniement de la dague, s'était lancé dans la bataille ! L'utilisation du Timon de Spatiomancie l'avait dépourvu de ses pouvoirs magiques, aussi n'avait-il guère eu le choix que de dégainer sa dague magique.
L'un après l'autre, parfois laborieusement, ils tuèrent des gobelins à mesure que de nouvelles vagues d'ennemis déferlaient. Les marins avaient l'impression de lutter en vain, tant leurs ennemis étaient nombreux. Et très vite, les jeunes furent atteints à leur tour, et obligés de lutter pour leur survie.

De son côté, Sharee avait tué son 4e adversaire dans la « tête » du vaisseau ennemi. Toujours à la recherche du Timon, elle descendit encore d'un étage, dans le « cou » cette fois, avant de repérer enfin la Passerelle encore un niveau plus bas. Elle remarqua une sorte de sorcier gobelin, assez effrayant, assis dans le timon, accompagné d'un guerrier lourdement armé, probablement le capitaine ou un quelconque lieutenant. Il y avait aussi deux soldats postés dans des coins. Aussitôt, elle lança une Tempête de neige de Snilloc qui cloua littéralement le guerrier au mur ! Le « sorcier », quant à lui, se leva en ramassant une masse d'arme, alors que les deux soldats montaient vers la drow. Elle les tua de quelques Projectiles magiques ; un instant après, elle dut affronter l'effrayant timonier.

Sur le pont de la Reine Noire, le combat n'avait cessé. Les vagues d'ennemis avaient cessé de déferler sur l'équipage, mais les gobelins étaient assez nombreux pour occuper tous les marins. Deux d'entre eux avaient même réussi à s'introduire dans le pont inférieur, où ils dénichèrent rapidement les survivants du Chant de la Sirène.
La bataille faisait rage. Kalanis fut blessé à plusieurs reprises, mais fut rapidement secondé par Alonzo. Tous affrontèrent leurs ennemis avec rage ; la jeune Luna eut bien du mal à se débarrasser de son ennemi, mais par chance, elle réussit à le terrasser presque malgré elle !
Lorsqu'il vint à bout de son dernier ennemi, le fier Alidor se précipita dans les escaliers pour rattraper les gobelins qui s'y étaient introduits – hélas, déjà meurtri par les nombreux adversaires qu'il avait affrontés jusque là, il tomba face au dernier ennemi.
Lorsque les deux gobelins remontèrent sur le pont avec Gandelme et Lanéa, ils eurent la surprise de constater que tout leur équipage avait été massacré ! Le dernier à se battre sauta d'ailleurs par-dessus le bastingage, terrorisé. Il ne tarda pas à se faire tuer par l'un de ses propres lieutenants, juchés sur l'une des pinces du vaisseau-Mante. Évidemment, les deux gobelins se firent tuer par l'équipage de la Reine Noire, grand vainqueur de cette bataille acharnée.
En revanche, les lieutenants tendirent leurs arcs dans leur direction, bien décidés à ne pas laisser leur défaite impunie.

Dans le vaisseau, Sharee avait invoqué une Flèche acide de Melf à l'encontre de son dangereux adversaire. Pourtant déjà considérablement diminué par la glace, il parvint malgré tout à lui porter plusieurs coups de masse, avant d'enfin succomber à la douleur. Il finit par tomber à ses pieds, mort.
Sans même prendre le temps de respirer, Sharee descendit jusqu'au timon, dans lequel elle s'installa. Aussitôt connectée au vaisseau, elle ordonna le décrochage des pinces – le bâtiment s'exécuta, à la grande surprises des 3 lieutenants gobelins restants. Comprenant qu'il se passait quelque chose, ils se précipitèrent à l'intérieur sous les hourras de l'équipage de la Reine Noire. Très vite, ils virent le vaisseau-mante s'éloigner en rotation avant de se précipiter à pleine vitesse vers le rocher, sur lequel il alla s'écraser...

L’Océan arc-en-ciel : Edmar
Scénario maîtrisé par Chrysalid • 27/09/21
Ervvansharee • Phlogiston, Flammereigne 1369 CV, Migreplume 589 AC (5 jours)

Après qu'elle ait orienté le vaisseau vers le rocher, une fois la dernière poussée initiée pour que celui-ci aille s'y écraser, Ervansharee avait quitté le timon en catastrophe, talonnée par les lieutenants gobelins, et avait rejoint la "tête" du vaisseau d'où elle s'était immédiatement jeté dans le vide. A l'aide de ses Bottes ailées, elle s'était élancée vers le ciel... juste à temps pour assister au naufrage ! Le bâtiment ennemi explosa en mille planches qui se répandirent dans le champ autour du château.
Les gobelins étaient vaincus, la victoire était à eux à présent. Hélas, la drow se rendit compte, mais bien trop tard, que ses Bottes ailées ne pouvaient voler dans le phlogiston... Elle tenta bien de lancer un sort, mais sa brève utilisation du timon avait siphonné ses capacités magiques ! Elle passa alors en revue ses possessions, mais il n'y avait rien qui puisse l'aider...

La drow dérivait dans le vide, toujours propulsée par l'inertie, s'éloignant toujours plus du rocher. Elle savait que son vaisseau se trouvait à peu près dans cette direction, mais comment repérer un minuscule point noir perdu dans l'immensité du vide à quelques kilomètres de distance ? Elle tenta bien de jouer avec un miroir pour envoyer des signaux afin qu'ils la retrouvent, mais comment être sûr que ça allait marcher ?

Et enfin, elle le vit : la Reine Noire approchait lentement, dans toute sa majesté et avec un silence absolu, suivi par des débris de bois conséquent à la bataille. Lorsqu'elle entra dans le champ gravifique du vaisseau, et que tout le monde la repéra, elle fut accueillie par les hourras ! Aussitôt, on lui envoya une corde afin qu'elle puisse rejoindre son équipage.

Très vite, ils mirent quelques kilomètres de distance entre leur vaisseau et le rocher, puis se retrouvèrent tous autour d'un repas pour conclure cette affaire. En effet, Sharee comptait conclure tout ceci. Elle ne souhaitait pas y retourner, quand bien même il y avait cette "bête" dans les profondeurs du château. Cette affaire ne lui inspirait aucune confiance, il n'y avait aucune véritable raison d'y retourner.
Au cours du repas, Sharee et Kalanis discutèrent longuement de cette affaire, et il fut vite question d'Edmar, le marin mourant qui les avait envoyé ici pour prévenir de l'attaque. Or, cette attaque avait eu lieu au moins 30 ans plus tôt ! Était-ce un piège ? Était-ce un moyen d'envoyer des victimes sur le rocher pour nourrir la bête ?
Désireux de trouver réponses à ces questions, ils décidèrent de retourner le voir.

Après une bonne nuit de repos sans même prendre la peine d'effectuer des tours de garde, ils reprirent la route en direction de la vieille caravelle par laquelle tout avait commencé. Sans surprise, elle y retrouva Edmar, toujours mourant, toujours dans la même position, affalé contre un mur, la main sur une blessure ensanglantée. Sans surprise, elle l'entendit lui débiter les mêmes phrases que lors de leur première rencontre... "Aidez-moi", "C'est urgent, il faut prévenir le seigneur Acton", "L'armée des gobelins arrive, ils vont tout détruire...". À mesure qu'il parlait, elle réalisa qu'il ne répondait pas à ses questions, par contre il disait exactement les mêmes phrases. Comme s'il jouait une pièce dont il connaissait les répliques par cœur. Enervée par ce qu'elle prenait pour un piège, elle pointa sur lui une baguette magique, menaçante, exigeant la vérité. Elle l'interrogea sèchement pour connaître ses motivations. "Cela fait 30 ans que tout le monde est mort, là-bas !" s'exclama-t-elle finalement.
A cet instant seulement, Edmar cessa de répéter inlassablement les mêmes phrases, comme s'il venait de réaliser quelque chose. "30 ans ?" demanda-t-il doucement en regardant ses mains. "Mais alors, je ne sers plus à rien ?". Et alors il disparut, laissant la place à un cadavre desséché – Sharee sursauta ! Elle ne s'attendait pas à cela. Edmar n'était ni un piège, ni un monstre. Juste un fantôme emprisonné dans son échec sur le lieu de sa mort.
La drow versa une larme pour lui, regrettant d'avoir été si dure.

Elle retourna sur la Reine Noire, et ils retournèrent dans le flux pour quitter cet endroit définitivement.

Après quatre jours de voyage au sein du courant, ils arrivèrent enfin en vue d'un gigantesque mur de cristal noir. L'utilisation du dernier sort de Localisation de portail leur permit de trouver une ouverture sombre contre la paroi. Et après avoir soigneusement manœuvré, ils entrèrent dans la Sphère de Cristal...